Intervention de Mounir Mahjoubi

Séance en hémicycle du mardi 20 février 2018 à 15h00
Débat sur la couverture numérique du territoire

Mounir Mahjoubi, secrétaire d'état chargé du numérique :

Monsieur le président, madame et monsieur les rapporteurs, mesdames et messieurs les députés, nous allons parler du numérique, de la couverture du territoire mais aussi du numérique dans la vie des Français, dans le quotidien des entreprises, dans notre vie quotidienne, dans la vie commune que mène chacun d'entre nous, sur son territoire.

L'enjeu de la transformation numérique n'est pas seulement technologique, vous l'avez rappelé. Il est aussi humain et culturel. Il dépend de la capacité de chacun à utiliser les services numériques. Vous l'avez indiqué à plusieurs reprises : la couverture numérique constituait l'un des premiers enjeux, l'une des premières urgences. Julien Denormandie reviendra sur les enjeux et sur l'agenda que le Gouvernement a établi pendant les premiers mois du quinquennat afin de pouvoir aujourd'hui vous présenter ses objectifs.

Mais nous devons déjà être prêts pour la suite car, s'il faut relier tous les Français, il faut aussi s'assurer qu'ils auront la capacité de se servir du numérique. Un chiffre doit nous inquiéter : 20 % des Français, soit 13 millions d'entre eux, ne savent pas utiliser une interface numérique. Chaque jour, ces 13 millions de Français voient autour d'eux des personnes sortir leur mobile, se connecter à un service public en ligne, acheter directement sur un site étranger un bien qui leur sera livré le lendemain, et regardent cela avec un sentiment d'étrangeté. Pour eux, ces usages ne font pas partie du quotidien. Ils éprouvent la même impression que s'ils voyaient le TGV passer au fond de leur jardin, alors que la gare la plus proche se trouvait à plus de 400 kilomètres de chez eux : ils entendent le bruit des trains, ils savent que des gens voyagent à l'intérieur, mais ce mode de transport n'est pas pour eux.

Le réseau est donc une première étape, mais l'usage, l'accompagnement dans l'usage et la médiation seront les prochaines priorités du Gouvernement. C'est pourquoi il était important que Julien Denormandie et moi-même venions tous les deux, afin de vous parler de ce double engagement. Certains d'entre vous ont évoqué ce sujet dans leur question ; c'est en effet notre prochain combat.

Depuis quatre mois, nous avons mené une stratégie d'inclusion numérique, en entraînant avec nous les grands opérateurs de l'État : les opérateurs sociaux, les grandes administrations, mais aussi tous les départements ainsi que les associations des régions et des communes. Et nous travaillons ensemble à définir ce que pourrait être cette stratégie nationale pour un numérique inclusif. Elle comporte plusieurs volets essentiels.

Le premier consiste à définir les publics. J'ai dit que 13 millions de Français ne se connectent pas au numérique, mais il existe entre eux une très grande diversité. Selon les départements, ils n'appartiennent d'ailleurs pas à la même catégorie. Si l'on pense tout de suite aux personnes très âgées, il faut aussi songer à celles, moins âgées, qui ont pris leur retraite ces dernières années sans avoir eu d'enfants à la maison et qui n'ont pas eu à utiliser un ordinateur au travail, bref, qui ont pu mener une vie de famille et faire une carrière complète sans que jamais un ordinateur soit entré dans leur vie. À ceux-là, je promets chaque jour la transformation numérique de l'État : d'ici à 2022, 100 % des services publics seront disponibles en numérique pour ceux qui le souhaitent – car il ne doit jamais s'agir d'une obligation. Le problème est qu'ils ne m'entendent pas car, tant que nous ne les aurons pas formés, nous ne pourrons pas les accompagner.

Et puis, il y a ceux qui ne maîtrisent pas le français ou la lecture. Or, quand on ne maîtrise pas la lecture, on ne maîtrise pas les interfaces. Dans tous ces cas, l'enjeu, pour le Gouvernement, sera d'accompagner et de définir avec les collectivités, agglomérations et communes, la manière dont nous mettrons en place un plan spécifique dans chaque département. Plusieurs expérimentations ont été menées autour de chèques numériques, cofinancés par la communauté des guichets, afin de permettre à chaque citoyen utilisateur d'un guichet de se rendre dans une association, un centre ou une maison de médiation numérique. Qu'importe le nom de la structure, nous nous assurons que ceux qui s'occupent de cette médiation sont bien financés. Au cours des prochaines semaines, je serai très heureux de revenir devant vous pour présenter ce plan et vous expliquer comment il est mis en place dans chaque département. Il s'agit en effet d'un élément essentiel.

Enfin, une des prochaines annonces concernera l'accessibilité et l'inclusion numérique des TPE-PME. D'ici au mois d'avril, nous annoncerons un plan d'accompagnement à la numérisation de ces entreprises. En effet, si j'ai rappelé que 20 % de citoyens ne savent pas utiliser le numérique, un autre chiffre doit nous inquiéter : nous sommes à la seizième place, voire à l'avant-dernière, selon les critères, dans le classement européen relatif à la numérisation des plus petites entreprises. Ce rang est d'autant plus inquiétant que les petites entreprises représentent 50 % des emplois en France et pratiquement 80 % des emplois non situés dans une grande ville. Si 20 % de nos concitoyens ne savent pas utiliser le numérique et que la majorité de nos petites entreprises sont en retard, c'est, vous l'avez compris, qu'il y a urgence.

J'espère que vous saurez étendre à l'usage du numérique et à son inclusion l'engagement pour la couverture numérique que vous avez su prendre ces dernières années, et qui a mené aux annonces que nous faisons aujourd'hui.

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