Monsieur le ministre d'État, en octobre dernier, vous nous avez annoncé qu'il serait difficile de tenir l'engagement de diminuer la part du nucléaire à 50 % de la production électrique française en 2025. La décision d'étaler la fermeture des centrales nucléaires se justifie certes par la nécessité de diminuer progressivement la part du nucléaire dans la production électrique. Cependant, si la durée de vie de certaines centrales nucléaires est prolongée, il convient d'être particulièrement vigilant quant à la sécurité et à la sûreté de nos infrastructures. Les auditions menées par la commission du développement durable, ainsi que plusieurs études sur le sujet mettent en évidence un grand nombre de failles et de menaces pesant sur les populations riveraines de ces installations. La centrale du Tricastin, dans la Drôme, semble particulièrement concernée : les fissures provoquées par l'hydrogène, qui s'aggravent au fur et à mesure de l'utilisation des cuves, ne laissent pas d'inquiéter.
En outre, après avoir démontré, en 2017, qu'il était possible de s'infiltrer dans une centrale nucléaire, l'ONG Greenpeace a mandaté des experts en terrorisme et des chercheurs pour étudier la question de la sûreté de nos installations nucléaires, notamment dans le but d'identifier les possibilités d'incursion. Leurs conclusions étaient très préoccupantes quant au risque d'infiltration. J'ai moi-même interpellé M. Lévy, PDG du groupe EDF, lors de son audition devant la commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, le 17 janvier dernier. Constatant que l'interpellation des représentants de Greenpeace dans la centrale de Cattenom était intervenue au bout de huit minutes, il a affirmé : « Cela est de nature à nous rassurer [… ] ».
Monsieur le ministre d'État, si la durée de vie de certaines de nos centrales nucléaires doit être prolongée, sommes-nous en capacité d'assurer la sécurité et la sûreté de celles-ci ? Avons-nous tiré les enseignements des différentes alertes ? Quelles garanties pouvez-vous offrir aux populations riveraines, qui peuvent légitimement s'inquiéter de l'état de nos installations nucléaires ?