Intervention de Nicolas Hulot

Séance en hémicycle du jeudi 22 février 2018 à 15h00
Questions sur la stratégie de sortie du nucléaire

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Madame Victory, la priorité absolue en matière de politique énergétique – quels que soient les choix que nous ferons s'agissant du mix énergétique – consiste en effet à réduire la consommation d'énergie. Sur cet objectif, nous sommes tous d'accord, car il ne fera que des gagnants : les entreprises y gagneront un surcroît de compétitivité et les consommateurs du pouvoir d'achat à confort égal. Quant à l'état de la planète, ce choix permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Il s'agit d'ailleurs de l'un des principaux enseignements du bilan prévisionnel publié par Réseau de transport d'électricité – RTE – à l'automne dernier. Celui-ci démontre que la consommation d'électricité – il importe de garder à l'esprit ce constat, qui donne un peu d'espoir – diminue dans notre pays, nonobstant la croissance économique et le développement de nouveaux usages, notamment l'utilisation de véhicules électriques.

C'est le signe que les politiques menées depuis dix ans – quelle que soit la majorité gouvernementale – finissent par porter leurs fruits. Le Gouvernement a donc pour objectif d'inciter nos concitoyens à réduire leur consommation d'énergie, en leur fournissant tous les instruments susceptibles de leur faciliter la tâche.

Ainsi, la modification de la trajectoire de la composante carbone vise à introduire un avantage compétitif au bénéfice de l'économie décarbonée. Toutefois, il ne faut pas placer les gens dans des impasses. Vous avez raison de rappeler que l'acceptabilité sociale de la transition énergétique est un enjeu décisif. Elle a d'ailleurs été inscrite dans l'intitulé de mon ministère, car je sais qu'il s'agit d'une condition de la réussite d'ensemble.

Le Plan climat, que j'ai présenté au moins de juillet 2017, a été complété par un plan de rénovation énergétique des bâtiments, qui permettra de changer d'échelle et de lutter – efficacement j'espère – contre la précarité énergétique. Nous avons choisi de faire entrer l'Accord de Paris dans la vie quotidienne des Français. Sa mise en oeuvre suppose en effet d'adopter des mesures simples et visibles permettant de changer la vie quotidienne de nos concitoyens, et de les aider à réaliser des économies d'énergie pour compenser une éventuelle hausse de la fiscalité écologique.

Plusieurs mesures prévues par la loi de finances pour 2018 sont en vigueur depuis le 1er janvier dernier. Ainsi, le chèque énergie a été généralisé après avoir été expérimenté dans certains territoires. Son montant moyen de 150 euros sera porté dès l'an prochain à 200 euros. Si celui-ci n'a pas été doublé, comme vous l'espériez, madame Victory, le dispositif a néanmoins été généralisé. Tous les Français éligibles recevront ce chèque destiné à régler leur facture énergétique.

Dès le 1er janvier, la nouvelle prime à la conversion pour remplacement d'un ancien véhicule est entrée en vigueur. Son montant est compris entre 1 000 et 2 000 euros. Elle est destinée aux ménages qui ne sont pas imposables, qu'elle incite à remplacer un véhicule ancien et polluant par un véhicule neuf ou d'occasion moins polluant. Elle peut, dans certains cas, couvrir 50 % du prix du véhicule acheté. Il ne s'agit donc pas d'un dispositif anodin.

Enfin, nous avons décidé – et ce n'est pas la moindre de nos décisions – de faire perdurer en 2019 le crédit d'impôt pour la transition énergétique, qui incite à la rénovation des logements. Nous le transformerons en une prime versée rapidement, ce qui permettra d'en développer l'usage. En effet, un crédit d'impôt s'adresse à un nombre restreint de personnes, car il suppose la possibilité d'avancer les frais, alors qu'une prime versée rapidement est bien plus incitative.

Telles sont les principales mesures que nous avons mises en place. Elles représentent près de 2 milliards d'euros d'aides et s'accompagnent de la délivrance de certificats d'économie d'énergie, qui sont très importants en matière budgétaire.

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