Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du jeudi 22 février 2018 à 15h00
Questions sur l'évolution de la situation au moyen-orient et la reconnaissance de l'État palestinien

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Monsieur le ministre, dans le quotidien infernal des Palestiniens, l'injustice la plus flagrante le dispute à l'absurde kafkaïen.

À Gaza, le blocus, avec sa liste infinie de produits interdits d'importation, a des conséquences sur la nutrition et la santé des habitants, et notamment des enfants. À Jérusalem-Est, annexé, c'est la politique foncière qui insécurise les Palestiniens. Outil d'exclusion, elle est une machine destinée à imposer l'objectif de Benjamin Netanyahou et de ses alliés d'extrême droite : faire de Jérusalem la capitale de l'État israélien.

En Cisjordanie, il faut prendre une carte pour comprendre dans quel abîme se débat la population. Cette carte, vous la connaissez. Publiée par un mensuel français, elle dessine un territoire qui, de la région de Ramallah, au nord, à celle de Bethléem, au sud, s'est transformé en prison à ciel ouvert. Dans les territoires, mités par les colonies israéliennes, la liberté fondamentale de circuler n'existe pas : il faut cinq heures à un Palestinien pour parcourir 50 kilomètres.

Caractérisée par une juxtaposition de zones sous contrôle israélien, mixte ou palestinien, caractérisée par la ségrégation routière, par son mur de séparation avec ses portes agricoles à ouverture aléatoire, cette carte fragmentée montre que toute continuité géographique est interdite aux Palestiniens. C'est une carte à fragmentation : elle produit aujourd'hui la haine qui laisse augurer des explosions de violence pour demain.

Si, hier encore, le pouvoir israélien invoquait sa sécurité pour justifier l'ensemble de ces mesures géographiques, juridiques et administratives d'empêchement de vivre, aujourd'hui, le gouvernement Netanyahou et l'extrême droite sont passés à un autre stade. Il s'agit de rendre impossible physiquement une solution de paix à deux États et, pire, de faire des Palestiniens des citoyens de seconde zone au seul motif qu'ils ne sont pas juifs – c'est le rêve de la ministre de la justice israélienne.

Monsieur le ministre, la France et l'Union européenne peuvent-elles continuer à se taire devant l'installation progressive d'un régime d'apartheid dans les territoires palestiniens ?

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