Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du jeudi 22 février 2018 à 15h00
Questions sur l'évolution de la situation au moyen-orient et la reconnaissance de l'État palestinien

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Concernant la situation en Turquie elle-même, monsieur le député, nous avons eu l'occasion de dire avec force ce que nous pensions aux principaux intéressés, à commencer par le président Erdogan. Je l'ai répété à chacun de mes voyages en Turquie, ce qui a parfois porté ses fruits.

Nous essayons d'adopter la position la plus efficace possible. Je tiens à vous le dire, puisque vous nous demandez des voix fortes et que je ne suis pas inquiet quant à la mienne. Lorsque je me rends à Ankara, je rencontre aussi les responsables de l'opposition, et j'agis très clairement.

S'agissant d'Afrin, que nous avons déjà évoqué, l'opération lancée par la Turquie pour sécuriser sa frontière est, pour nous, une source d'inquiétude, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, en effet, la campagne contre Daech n'est pas finie. Ensuite, elle intervient dans un contexte particulièrement dégradé en Syrie, sur fond de désastre humanitaire dans la Ghouta orientale et la province d'Idlib.

Enfin, cette incursion turque comporte un risque d'escalade, notamment parce que le régime intervient à la demande des Kurdes et cherche aussi à se déployer à Afrin, avec des milices iraniennes. Beaucoup de monde circule dans cette petite zone en ce moment, monsieur le député, au détriment, hélas, des populations civiles.

La Turquie est un allié, membre de l'OTAN. La sécurité de sa frontière est un intérêt légitime, mais les opérations turques doivent rester proportionnées à cet objectif, ce que le Président de la République a déclaré directement au président Erdogan. Nous sommes en droit d'attendre de la Turquie le respect le plus strict des règles du droit international dans la conduite de ces opérations, qui doivent être menées sans porter atteinte aux civils.

Cette situation nous préoccupe, mais puisque l'occasion m'en est une nouvelle fois donnée, je voudrais redire la place qu'ont joué les Kurdes à différents moments dans le combat mené contre Daech, que ce soit au Kurdistan – j'ai rencontré le nouveau Premier ministre kurde la semaine dernière, à Erbil – , ou dans la zone du Nord-Est syrien, où, sous l'autorité du général Massoum, leur rôle fut déterminant dans l'éradication de Daech.

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