Mesdames, Messieurs les députés, le ministre d'État Nicolas Hulot vient de détailler les grands chantiers, et surtout la vision qui nous anime sous sa direction. J'évoquerai pour ma part l'un des piliers du plan climat qui a été présenté par M. Nicolas Hulot au mois de juillet dernier, celui de l'économie circulaire, l'objectif étant de tendre vers une économie qui soit, à terme, 100 % circulaire. Il s'agit en réalité de mettre en oeuvre le plus rapidement possible les objectifs qui ont été fixés par le Président de la République durant la campagne présidentielle et repris par le Premier ministre lors de son discours de politique générale au début de l'été.
Je rappelle quels sont les objectifs d'ici à 2025 : tendre vers 100 % de plastiques recyclés et réduire de 50 % des quantités de déchets mis en décharge. Ce chantier important s'inscrit pleinement dans la transformation sociale et sociétale, dans cette transition écologique et solidaire que vient de décrire M. Nicolas Hulot.
Le modèle économique linéaire, « fabriquer, consommer, jeter » sur lequel reposent encore beaucoup de nos activités économiques, ne doit et ne peut plus durer parce qu'il se heurte à l'épuisement des ressources de la planète. Au-delà de cette aberration environnementale, on peut parler de « double arnaque », pour reprendre une expression du ministre d'État, une arnaque à la fois pour la planète et pour le consommateur.
Il s'agit pour nous d'élaborer une approche systémique pour parvenir à établir les blocs de ce que pourrait être cette économie circulaire mais aussi de remplir le plus rapidement possible des objectifs très concrets, à savoir réduire de 30 % la consommation de ressources d'ici à 2030, réduire de 50 % les quantités de déchets mis en décharge d'ici à 2025 et créer 500 000 emplois nouveaux en mobilisant notamment l'économie sociale et solidaire, parce que la transition écologique ne se réalisera que si elle est aussi solidaire, c'est-à-dire si elle est créatrice d'emplois.
Ce basculement de modèle économique ne pourra malheureusement pas se faire spontanément. Il demande une action volontariste de l'État pour définir un cadre réglementaire et économique qui incite les acteurs à prendre des décisions dans le sens de l'économie circulaire. Il s'agit d'activer de nombreux leviers : la durée de vie de nos produits, l'écoconception, la collecte, le recyclage et la valorisation, la planification des ressources, l'information des consommateurs, la mobilisation des collectivités. L'enjeu, c'est de parvenir à la mobilisation générale des acteurs autour de cette économie. C'est précisément tout l'objet de la feuille de route de l'économie circulaire sur laquelle j'ai commencé à travailler avec le ministre d'État depuis le mois d'octobre dernier et qui a donné lieu à une première phase de consultation, qui s'est achevée récemment. Les travaux des différents ateliers ont été synthétisés puis mis en ligne sur le site www.consultation-economie-circulaire.gouv.fr pour une deuxième phase de consultation. Je vous invite d'ailleurs à y contribuer. Cette phase de consultation en ligne s'achèvera le 25 février mais nous poursuivrons la concertation – je reçois actuellement des représentants de la grande distribution, des collectivités, des associations de consommateurs, des organisations non gouvernementales. Nous publierons à terme la feuille de route qui permettra d'accélérer le développement de l'économie circulaire.
Un mot sur la finance verte. L'objectif général, c'est de rediriger de façon massive les investissements privés vers des projets plus durables. L'enjeu est de mettre le secteur financier au service du climat. Toutefois, nous ne pourrons pas le faire seuls à l'échelle de notre pays, même si nous pouvons être très moteurs sur cette question. Nous l'avons montré avec le One Planet Summit et en créant des coalitions d'États européens, notamment au travers du Green Grow Group et des négociations européennes. Vous le savez, nous venons d'achever tout un cycle de négociations fondamentales sur le paquet énergie propre pour tous les Européens qui vise à créer le socle de l'union de l'énergie. Nous voulons repolitiser la question environnementale parce que nous avons un vrai devoir d'exemplarité au niveau européen. Et, au-delà de l'Europe, nous sommes attendus dans le monde entier. Nous devons donc être moteurs sur la question climatique et environnementale. Notre ligne est très claire : elle a été fixée par le Président de la République le 21 septembre dernier lors de son discours fondateur de la Sorbonne. Le ministre d'État a évoqué les objectifs de développement du mécanisme d'inclusion carbone aux frontières ou encore le développement d'un prix plancher du carbone : nous avons d'ores et déjà lancé ces grands chantiers que nous déploierons plus activement lorsque le gouvernement allemand sera installé.