L'étendue du sujet et la pluralité des ministres auraient justifié trois réunions différentes. Pour ma part, je me concentrerai sur une problématique unique.
Comme vous le savez, les pêcheurs du Tréport, de Dieppe et des Hauts-de-France se mobilisent contre le projet éolien offshore au large du Tréport dont ils contestent, avec la Commission nationale du débat public et le Parc naturel marin, l'emplacement depuis dix ans. Ils seront d'ailleurs devant le port du Havre vendredi. Leurs messages sont simples et légitimes, me semble-t-il. Ils n'ont pas d'opposition de principe aus énergies renouvelables. Ils savent que cette filière est nécessaire à la lutte contre le réchauffement climatique, mais ils demandent que son développement ne se fasse pas au détriment de leur activité. Ils rappellent que la pêche française est une pêche artisanale durable et qu'ils ont fait beaucoup d'efforts pour la gestion des espèces. Ils sont d'ores et déjà affectés par le Brexit et par la pêche électrique, ce qui renforce leurs inquiétudes légitimes. Le projet qu'ils contestent constitue une menace vitale pour eux puisqu' il a vocation à s'implanter sur la zone la plus poissonneuse.
Monsieur le ministre d'État, et je vous crois sincère, vous avez dit vouloir rendre désirable la transition énergétique. Le Premier ministre a expliqué que le développement des énergies marines renouvelables devait, pour se concrétiser, régler préalablement les conflits d'usage.
À quelques jours d'une décision importante de l'Agence française de la biodiversité, quelles mesures concrètes envisagez-vous pour concilier l'avenir de notre pêche et les 1 000 emplois concernés du quartier maritime Dieppe-Le Tréport avec vos envies légitimes, qu'on souhaite accompagner, de développement du recours aux énergies renouvelables dans le cadre d'un mix énergétique public intelligent et équilibré ?
Vous avez dit qu'il était loin le temps où l'on décidait à Paris, dans un cabinet ministériel, et j'en suis heureux. À Dieppe, j'aime dire, comme le poète, « Homme libre toujours tu chériras la mer ! ». Les pêcheurs chérissent la mère nourricière, et ils méritent le respect. Si l'on veut réussir la transition énergétique, il convient de passer intelligemment, dans le respect des acteurs, le palier de l'addition et non de la soustraction des économies.