Mon intervention portera sur le même sujet que celle de mon collègue Benoit Potterie, à savoir les technologies vertes, qui ne le sont peut-être pas tant que cela. Elles représentent sans doute la face cachée de la transition énergétique.
Leur impact écologique serait considérable, pour un bilan plutôt accablant. L'économie digitale fait usage d'une quantité considérable de métaux, de sorte que certains experts soutiennent que la prétendue marche heureuse vers l'ère de la dématérialisation ne serait qu'une vaste tromperie, puisqu'elle génère en réalité un impact nuisible toujours plus considérable.
Voici quelques exemples. Ainsi, en une heure, dix milliards de mails sont échangés dans le monde. Cela représente 50 gigawattsheure, soit l'équivalent de la production électrique de quinze centrales nucléaires pendant sept heures. Deuxième exemple : en matière de transition énergétique, la croissance du marché des éoliennes d'ici à 2050 nécessitera 3 200 millions de tonnes d'acier, 300 millions de tonnes d'aluminium, 40 millions de tonnes de cuivre… Nous aurons aussi de plus en plus besoin des terres rares pour le développement numérique.
Or l'exploitation de ces minerais est rien moins que propre ; elle nécessite des procédés très polluants. Ne croyez-vous pas, monsieur le ministre d'État, que la transition énergétique et numérique dévastera l'environnement dans des proportions inégalées ? Les impacts environnementaux ne seront-ils pas plus importants encore que ceux qui sont générés par l'extraction pétrolière ?
Pour nous affranchir de notre appétit de pétrole et de charbon, ne croyez-vous pas que nous sommes en train de leur substituer un monde nouveau de pénurie, de tensions et de crises inattendues ?