Madame la ministre, certains des objectifs de la revue stratégique et de la programmation vont dans le bon sens, et nous partageons l'idée que la France doit tenir son rang, de même que celle selon laquelle la loi de programmation militaire doit être « à hauteur d'homme ». Nous avons cependant l'impression d'une vision quelque peu idyllique des choses.
Je veux revenir sur la sincérité des engagements budgétaires, pour trois raisons.
Tout d'abord, si nous voulons vraiment aller jusqu'au bout de la sincérité des engagements budgétaires, il nous faut une montée en puissance progressive de la programmation militaire. La marche de trois milliards d'euros à gravir en 2023, c'est-à-dire après la fin du quinquennat, jette, permettez-nous de le dire, une suspicion, qui fait douter de cette sincérité.
Ensuite, il y a l'article 17 de la loi de programmation des finances publiques. Ce n'est pas une petite affaire. C'est le combat que nous aurons chaque année, au moment de l'examen du projet de loi de finances. La programmation est un levier budgétaire, mais, en l'occurrence, nous craignons d'être face à une loi de programmation sous perfusion de Bercy. Il faut que vous nous donniez des garanties claires sur la réalisation, dans l'exécution, de ces principes et objectifs que vous avez énoncés et auxquels nous souscrivons.
Enfin, s'il y a plus d'argent, certes, il y a aussi plus de dépenses. Vous l'avez dit : la France devra conduire les premières étapes du renouvellement de sa dissuasion nucléaire dans ses deux composantes. De quelle réalité cela prendra-t-il la forme ? La dissuasion nucléaire dépend de la robustesse du tissu industriel. Or nous avons quelques interrogations sur l'évolution du capital de nos entreprises et sur la capacité de notre tissu de petites et moyennes entreprises (PME) à résister au contexte international.