Madame Guerel, il nous faut effectivement trouver les moyens de fidéliser et de conforter la situation des réservistes. Vous avez évoqué les problèmes auxquels ils sont confrontés, en particulier la difficulté de se libérer certains jours. De notre côté, nous avons essayé de résoudre en amont des problèmes susceptibles d'avoir un impact sur la mobilisation de ces réservistes.
Nous avons accéléré le paiement de leurs soldes. Nous avons essayé d'améliorer l'attractivité du dispositif en prenant des mesures adaptées en direction des réservistes et de leurs employeurs. Et puis nous développons encore et toujours les partenariats avec les entreprises. C'est un travail de longue haleine.
Nous devons également nous appuyer sur les organisations professionnelles, notamment les organisations d'employeurs. Pour ne citer que l'une d'entre elles, le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), nous avons déployé plusieurs actions avec lui pour qu'il fasse passer le message aux entreprises. Et je crois me souvenir que, dans le cadre du bilan des entreprises au regard de la responsabilité sociétale des employeurs (RSE), la contribution à la garde nationale est prise en compte. Autrement dit, elle fait partie des critères qui permettent aux entreprises de satisfaire aux obligations de la RSE.
Tout cela sera-t-il suffisant pour faire baisser le pourcentage de 59 % de réservistes ayant des difficultés pour exercer leur période de réserve ? Je l'espère. J'avoue que je ne connaissais pas ce pourcentage, mais vous avez eu raison d'attirer notre attention sur cet aspect. J'observe tout de même que les objectifs de montée en puissance de la garde nationale, nourrie par la réserve, ont été parfaitement atteints en un laps de temps très court. Je crois que nous en sommes à 35 000 – sur 40 000.
Monsieur Ardouin, vous m'avez interrogée sur le Pacte Enseignement supérieur. Ce Pacte est suivi par la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) depuis 2016. Son objectif est de renforcer les liens entre les milieux universitaires en sciences sociales et en sciences humaines, et le monde militaire.
Il se décline selon quatre axes : la filière War Studies, l'aide aux jeunes chercheurs, la logique d'excellence, le rayonnement. Pour ce qui concerne la logique d'excellence, des projets ont été présentés par des universités françaises – lesquelles se sont souvent regroupées. Les huit projets retenus seront annoncés dans les semaines qui viennent et recevront une subvention pour deux années de fonctionnement ; à l'issue de ces deux années, les meilleurs projets disposeront d'une subvention plus importante pour la poursuite de leurs travaux. C'est une excellente initiative, et nous comptons bien en assurer la poursuite.
M. Baichère m'a questionnée sur l'effort pour l'innovation de rupture. Cet effort passe par le lancement d'un chantier appelé « Innovation défense », qui inclut, bien sûr, la progression des moyens consacrés aux études amont dont j'ai parlé, et qui nécessite que notre ministère soit beaucoup plus à l'écoute de l'écosystème d'innovation. C'est pourquoi nous avons appelé l'attention de la DGA, qui en avait parfaitement conscience par elle-même, sur la nécessité de s'ouvrir, de tendre ses antennes, d'ouvrir les écoutilles pour comprendre – peut-être à la place des innovateurs eux-mêmes, qui sont souvent des innovateurs duaux qui s'ignorent, comme vous l'avez très bien remarqué – ce que ces innovations peuvent apporter au monde de la défense.
Aujourd'hui, nous sommes un peu dans un système opportuniste, c'est-à-dire que ce n'est que par le hasard des rencontres, parfois des hasards de voisinage – et j'ai en tête un exemple précis – que deux personnes se rencontrent, s'aperçoivent subitement qu'elles travaillent sur des projets qui ont vocation à converger, et que l'un va nourrir et « hybrider » l'autre. Mais nous ne pouvons pas nous en remettre au hasard des rencontres. Il faut donc systématiser cet écosystème et cette ouverture de notre ministère, faire savoir que notre ministère est accueillant pour les innovateurs, et acclimater nos méthodes de travail aux leurs.
C'est sans doute à cette seule et unique condition que nous pourrons mettre en place des innovations de rupture, dans des délais rapides et avec des budgets qui seront probablement un peu plus frugaux que ceux normalement attribués aux très grands programmes d'équipement. Cela ne signifie pas, mais je pense que vous l'avez parfaitement compris, que nous n'ayons pas besoin de poursuivre par ailleurs ces grands investissements. C'est la combinaison, la conjugaison de ces deux approches qui sera vraiment fructueuse et porteuse de grands progrès pour nos armées.
Monsieur Lachaud, vous avez d'abord regretté que nous n'ayons pas fait de Livre blanc. Nous avons fait ce choix pour pouvoir aller plus vite. La revue stratégique nous a permis d'identifier un certain nombre de capacités clés, qui étaient nécessaires pour nos forces. Et ce sont ces capacités clés que nous avons décrites de façon très détaillée dans cette LPM. La LPM prévoit, entre autres, que nous devrons être capables d'être présents sur trois théâtres opérationnels en même temps. Ce que seront ces théâtres à l'avenir, personne ne le sait.
Vous m'avez également interrogé sur le bilan géostratégique des OPEX. Mais je crains de ne pouvoir vous répondre dans le temps imparti.