Je suis étroitement le projet Cigéo depuis de nombreuses années. J'ai notamment participé aux réunions du groupe permanent Usines et déchets, qui a examiné le dossier d'options de sûreté de Cigéo, où les questions soulevées par l'IRSN ont été abordées. La plus importante d'entre elles a trait aux difficultés d'assurer la sûreté du stockage des déchets bitumés en l'état actuel de la conception de Cigéo. C'est l'illustration des problèmes de fuite en avant et d'absence de contrôles : de nombreux acteurs, en effet, savent depuis longtemps que les déchets bitumés posent problème, mais le processus s'est poursuivi jusqu'à l'étape du dossier d'options de sûreté avant que la question ne soit posée – et la responsabilité renvoyée aux deux acteurs concernés : l'ANDRA, chargé de la conception du stockage, et le CEA, qui détient l'essentiel de ces déchets bitumés à Marcoule.
La question qui se pose désormais est la suivante : faut-il faire évoluer la conception de Cigéo moyennant des coûts supplémentaires pour la rendre plus robuste et plus sûre concernant ces déchets, ou vaut-il mieux poursuivre une stratégie d'inertage de ces déchets en les conditionnant différemment ? C'est au Gouvernement d'arbitrer. Il est regrettable d'avoir attendu d'être où nous en sommes aujourd'hui pour que la question de cet arbitrage soit posée.