Y a-t-il un problème de sûreté ou de sécurité ? Il faut répondre à cette question, et peu importe ce que cela coûte.
Quand on nous dit que les avions de chasse peuvent agir à partir de tel point mais qu'il leur faut quinze minutes avant d'arriver au-dessus de l'usine de la Hague, nous répondons qu'ils seront là trop tard. S'il faut faire voler en permanence des avions, prévoyons-le, ou bien installons des missiles Crotale aux pieds de l'usine. Il faut que la réponse soit adaptée au risque et ne pas considérer que la présence de missiles Crotale pose un problème d'image. Cette usine, elle ne fabrique pas du chocolat : il y a l'équivalent de 100 coeurs nucléaires dans les piscines !
Quelles que soient la volonté politique et la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), l'héritage est là : on ne va pas mettre la clé sous la porte. Et, de toute façon, on a une responsabilité collective en la matière.
Si la défense passive que l'on aura instaurée permet de résister à un avion ou à un RPG-7, peu importe qu'il y ait moins de gendarmes. S'interroger sur le nombre adéquat de gendarmes, c'est prendre le problème par le mauvais bout. Il faut fermer les portes les unes derrière les autres, et s'adapter aux différents types de menace, même si on ne les couvre pas à 100 %.
La réglementation sur le transport des déchets est plutôt bien faite. Il est hors de question d'acheminer les matériaux fissiles de catégorie 1 en train car ce sont des cibles extrêmement faciles puisqu'on sait à quelle heure ils partent et qu'on ne peut pas sortir des rails. Mais vous pourrez objecter qu'il n'y a pas une grande différence avec les rails de sécurité des autoroutes. Ce qui peut être discutable, c'est la qualité du camion.
Des évaluations larges ont été faites. Notre première évaluation faisait état de 500 millions à 1 milliard par piscine. Dans un couloir, Jacques Repussard m'avait dit que notre chiffre n'était pas aberrant. Mais je reste modéré sur la question car il faut l'adapter à chaque site. Il est certain que les piscines de Paluel, Penly et Flamanville qui se trouvent entre le réacteur et la falaise n'ont pas besoin d'être traitées de la même manière que celles extrêmement accessibles de Gravelines par exemple. Ensuite se pose la question de la résistance du sol. Cela étant, une étude de l'IRSN considérait que le risque avion était le plus grand là où les approches maritimes étaient possibles. Il y a donc des sites qui sont beaucoup plus fragiles que d'autres.
Notre expertise est limitée sur la question des coûts. Il faut vraiment procéder à une étude réaliste et pragmatique.