Nous en sommes à la septième campagne de distribution d'iode et, personnellement, j'ai suivi les sept campagnes. Depuis la quatrième campagne, nous faisons partie du comité de pilotage qui a été mis en place sous l'autorité de l'ASN par les agences régionales de santé (ARS), la Haute autorité de santé (HAS) et EDF – c'est EDF qui paie – pour savoir comment distribuer avec efficacité ces comprimés. Depuis la quatrième campagne, nous avons formulé des idées, des recommandations pour pénétrer le plus possible dans la population, dans les écoles, dans les industries, mais nous n'avons jamais été entendus. Nous avons demandé récemment, pour la dernière campagne, à être bien informés du retour d'expérience de la distribution des comprimés d'iode. Nous devions l'être en juin 2017, mais il n'y a toujours pas eu de retour d'expérience de la première campagne de distribution de 2017, et on nous annonce le lancement de la campagne de distribution dans un périmètre de vingt kilomètres. J'ai été personnellement mandaté par l'ANCCLI pour dire à l'ASN que nous ne viendrions plus s'il n'y avait pas ce retour d'expérience, puisque, d'après les chiffres, 51 % seulement des personnes avaient participé dans un rayon de dix kilomètres !
Cela signifie-t-il que, lorsque l'on est proche d'une centrale nucléaire, on est ravi et assuré que tout se passe bien, et qu'il n'est pas nécessaire de prendre un comprimé d'iode ? En 2014, nous avons fait un sondage avec notre petit budget. Il s'avère que plus on est près d'une centrale nucléaire, plus on est inquiet des conséquences d'un accident nucléaire. Quand on demande, dans un rayon de dix kilomètres, à quelle distance de l'accident il faudrait être situé, on obtient le chiffre de 340 kilomètres ! Paradoxalement, plus on est loin, plus on considère que tout va bien puisqu'il n'y a jamais eu d'accident. Et pourtant, quand on pose la question pour la centrale de Gravelines, les gens répondent que c'est dangereux mais qu'en cas d'accident, de toute façon, on sera tous morts... Les gens pensent que si, demain, il arrive un accident nucléaire, nous allons tous mourir. C'est de la désinformation. À Fukushima, il n'y a pas eu tant de morts que cela. Mais je n'ose imaginer quelles seraient demain les conséquences économiques pour le Dunkerquois, qui est le premier pôle énergétique européen, si l'on ne pouvait plus consommer ce que l'on y produit et que l'on devait évacuer la population dans un rayon de cinq kilomètres autour de la centrale, où se trouvent dix sites Seveso !