Intervention de Jean-Claude Delalonde

Réunion du jeudi 15 février 2018 à 16h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Jean-Claude Delalonde, président de l'Association nationale des comités et commissions locales d'information :

Les maires des communes où sont implantées des centrales nucléaires, voire de celles qui sont situées dans un rayon de dix kilomètres autour de ces installations, sont soumis à certaines obligations et ne peuvent pas prétendre ne pas être informés. Mais, en cas d'accident nucléaire, on a bien compris que la crise serait gérée, non pas par les CLI, ni même par les maires, mais par le ministère de l'intérieur, et les élus le comprennent bien. Toutefois, dans de telles circonstances, ce n'est pas au ministre ou au préfet que les habitants s'adresseraient, mais à leur maire. Si ceux-ci ne sont pas chargés de gérer la crise, ils doivent, en revanche, gérer la post-crise, en fonction de leur plan communal de sauvegarde (PCS), de leur organisation. Les élus sont bien conscients de tout cela.

Mais aujourd'hui, on évoque le mix énergétique, la fermeture de 17 réacteurs nucléaires… Le maire dont la commune héberge un réacteur de vingt ans n'y pense pas trop. En revanche, lorsqu'on commence à parler de démantèlement à propos de réacteurs en fin de vie, les élus concernés s'inquiètent de l'avenir de l'activité économique et de l'emploi dans leur territoire. Beaucoup ne parviennent pas à s'imprégner de l'idée que les réacteurs vieillissent et que le jour arrivera vite où il faudra bien les démanteler. Or, il faut s'y préparer le mieux possible et ne pas regarder passer les trains, car d'autres pays s'y préparent déjà. Si l'on ne veut pas aborder le sujet – excusez-moi de mettre les pieds dans le plat –, il se pourrait que le démantèlement soit réalisé par des Roumains. Même si l'on décide de maintenir l'activité pendant dix ou quinze ans, le démantèlement est inéluctable : encore une fois, il faut donc s'y préparer. De nouveaux métiers vont apparaître. Cela nécessite une réflexion de long terme. Dire cela, ce n'est pas être pour ou contre le nucléaire : c'est une réalité !

C'est la mission de l'ANCCLI que de tenir ce discours, et nous ne nous en cachons pas. Je le répète, l'association est composée à parts égales de pro-nucléaires, d'anti-nucléaires et – c'est dans cette catégorie que je me situe – de personnes qui veulent comprendre, qui exigent la sécurité mais qui sont légalistes et estiment que, si l'État décide d'arrêter le nucléaire, eh bien il faudra l'arrêter. Mais, même dans ce cas, l'exploitation des centrales aura des conséquences sur le long terme : leur déconstruction durera trente ou quarante ans et il faudra s'occuper des déchets radioactifs. Pourquoi ne pas aborder franchement ces questions ? Les CLI et l'ANCCLI sont en mesure de transmettre le message et d'instruire la population. Nous, nous y croyons, mais ce n'est pas avec les moyens dont nous disposons que nous y parviendrons.

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