En effet, les CLI se préoccupent des questions de sécurité qui, très souvent, du reste, surtout en cas d'intrusion médiatisée, à Cruas ou ailleurs, prennent le pas sur les problèmes de sûreté. Dans ce cas, lors de la réunion de la CLI, on interpelle les responsables chargés d'assurer la sécurité. Or, que nous est-il répondu ? Secret défense ! Très longtemps, nous avons fait confiance à ces responsables. Mais lorsqu'on apprend qu'une vingtaine de survols de centrale nucléaire par des drones ont été recensés ou qu'une intrusion a eu lieu dans une centrale, on peut avoir quelques doutes... Ce n'est pas très bon pour la crédibilité des CLI car, de ce fait, nous sommes incapables de répondre aux questions relatives à la sécurité, et les élus sont déçus.
Certains sites sont-ils plus exposés que d'autres ? Je pourrais vous répondre : à cause du secret défense, nous ne savons pas. Mais nous pouvons tout de même nous poser un certain nombre de questions.
Premièrement, en matière de sécurité, il faut prendre en compte l'ensemble des INB. On pense beaucoup aux 58 réacteurs, mais n'oublions pas les sites qui, en amont, conditionnent et préparent le combustible nucléaire, par exemple, et qui sont également susceptibles d'être attaqués. Si j'étais un terroriste et que je m'interrogeais sur l'action la plus spectaculaire et la plus rentable, j'envisagerais peut-être de faire sauter un site d'Areva qui produit du combustible nucléaire et qui, en outre, se trouve dans une zone industrielle où sont implantés quatre ou cinq autres sites classés « Seveso 2 ».
Deuxièmement, on s'est beaucoup inquiété des menaces aériennes – parachutes, avions, drones… – et des intrusions. À ce propos, mais cela demande vérification, un commando de Greenpeace qui s'introduit dans l'enceinte d'une centrale nucléaire n'est pas composé de professionnels et prend le temps d'avertir la sécurité…