Intervention de Claire O'Petit

Séance en hémicycle du mardi 6 mars 2018 à 15h00
Interdiction de la pêche électrique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaire O'Petit :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi tout d'abord, de souligner que je suis fière, une fois de plus, d'appartenir au groupe La République en marche, dont la seconde proposition de résolution européenne porte sur l'interdiction de la pêche électrique en Europe. Par cette résolution, notre groupe montre son attachement à la préservation de nos pêcheurs, de nos ressources et de nos espèces. Dès le 22 décembre, du reste, à l'invitation de mon collègue Jean-Pierre Pont, je m'associais aux premiers signataires de la tribune appelant les parlementaires européens à interdire définitivement la pêche électrique.

En effet, alors que l'Union européenne a établi un marché intérieur qui vise à supprimer les distorsions de concurrence entre États membres, la dérogation à l'interdiction de la pêche électrique accordée aux pêcheurs néerlandais en 2006 a entraîné une concurrence hautement déloyale.

Ces pêcheurs, autorisés à venir pêcher dans nos eaux territoriales jusqu'à la baie de Seine, ont vu leur rémunération augmenter de plus de 20 % en quelques années, alors que les fileyeurs de la Côte d'Opale ne peuvent plus se verser de salaire. Ainsi, un navire néerlandais récolte habituellement en une semaine 1 300 kilos de sole, alors que les pêcheurs des Hauts-de-France peinent à en rapporter quelques dizaines de kilos. Le chiffre d'affaires a été divisé par deux en cinq ans pour le port de Boulogne-sur-Mer. Alors que 940 tonnes par an, représentant 9 millions d'euros, étaient pêchées en 2012, cette quantité n'était plus que de 400 tonnes l'année dernière, représentant 4 millions d'euros. Cette concurrence est déloyale. Elle ne peut plus être tolérée. Nous protégerons nos pêcheurs.

La désertification aquatique du sud de la mer du Nord résulte donc de la pêche électrique, véritable Taser des mers. Outre ses conséquences économiques pour nos pêcheurs, nous n'en connaissons pas les effets à long terme sur les écosystèmes des fonds marins. En 2011, une étude de l'Institut des ressources et des études de l'écosystème réalisée à la demande du ministère de l'agriculture néerlandais concluait que 50 % à 70 % des cabillauds capturés avaient la colonne vertébrale fracturée : leur dos était explosé et ils étaient donc jetés, car on ne pouvait rien en faire.

En outre, nous n'avons aucune idée de l'impact des champs électriques générés sur les oeufs des poissons, sur leur reproduction et sur la composition chimique de l'eau. Ce risque de dommages graves et irréversibles à notre environnement est contraire au principe de précaution, qui est d'ordre constitutionnel.

Alors que nous nous préoccupons de plus en plus de nos produits agricoles en souhaitant, entre autres, l'interdiction du glyphosate, nous devons exiger une qualité similaire pour les produits issus de l'océan : en 2018, tuer à l'aveuglette ne peut plus être accepté. Nous ne pouvons donc accepter un maintien de la dérogation de l'interdiction de la pêche électrique en Europe, ni son extension.

En tant que députée de la nation soucieuse de la survie économique de nos artisans de la mer, vice-présidente du groupe d'études sur la condition animale et citoyenne préoccupée de savoir quelle planète nous laisserons à nos descendants, je vous invite, mes chers collègues, par-delà nos dissensions politiques, à montrer aux Français notre union pour sauver nos intérêts nationaux et planétaires, et à voter pour cette proposition de résolution européenne de mon ami et collègue Joachim Son-Forget, soutenue par les députés du groupe La République en marche.

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