… et ce qui se passe là-bas. Des siècles de charia, la flagellation, l'amputation – vous imaginez ce que cela représente, pour un médecin, une amputation gratuite ? – , la peine de mort pour des raisons qui nous semblent complètement délirantes : l'apostasie, des relations extraconjugales… Nous sommes dans deux mondes complètement différents. Deux lignes parallèles injoignables !
Pour autant, faut-il ne rien faire ? Non. Je pense qu'il faut prendre des garanties et cette convention en présente dont – nous en avons parlé tout à l'heure – celle concernant nos militaires qui sont là-bas.
Nous sommes en pays de connaissance, comme disait ma grand-mère. Le Président de la République y est allé les 8 et 9 novembre et… on l'a libéré, il est revenu – c'était indispensable pour s'occuper de sa poule, ce qui est extrêmement important. Nous sommes donc en pays de connaissance, avec lequel nous coopérons sur le plan militaire mais aussi économique, cela a été dit – il y a un excédent, nous vendons des choses aux Émirats arabes unis – et culturel. Je ne dis pas que l'on va leur envoyer L'Origine du monde, car ce ne serait pas vraiment une bonne idée, mais la France est capable d'agir diplomatiquement et d'une manière intéressante. Nous sommes en pays de connaissance.
Cet accord présente donc des garanties très claires : je renvoie à l'article 21 – ils ont mis du temps à répondre, il leur a fallu quatre ou cinq ans pour comprendre vraiment ce que nous voulions mais, manifestement, nous sommes arrivés à une conclusion extrêmement positive. Personne n'a parlé de l'article 13 bien qu'il soit extrêmement important. Je l'appellerai l' « article ricochet ». Il est toujours possible de ré-extrader vers un État tiers, de pays en pays, mais il y a toujours un risque, car on ignore comment cela peut se passer. Or cet article nous garantit, à mon avis, que l'accord de l'État – de la France, en particulier – interdit tout ricochet au cours duquel on se refile des prisonniers et où la situation s'aggrave. Nous sommes en période de terrorisme et le renseignement avec les Emirats arabes unis est essentiel – certains en savent peut-être plus que moi – comme nous l'avons vu dans quelques cas.
Il faudrait quasiment un titulaire de la médaille Fields – vous en avez un ! – pour que les deux parallèles se rejoignent mais, même pour lui, ce serait difficile ! Faisons confiance à la diplomatie française ! Les Espagnols, les Britanniques, qui ont probablement l'une des plus belles diplomaties du monde, ont signé à peu près le même accord que nous. Faisons-leur confiance ! Si jamais cela n'allait pas, si ce que je mets, moi, dans mon ciboire et mon tabernacle républicains, n'était plus acceptable, je pense que nous pourrions le dénoncer. En l'état, ce n'est pas le cas.