Je regrette profondément la méthode choisie par la majorité qui consiste à balayer la démocratie d'un revers de main et à faire systématiquement adopter des motions sur les propositions de loi émanant de l'opposition.
Cette stratégie qui vise à museler le débat parlementaire témoigne du fossé idéologique et surtout pragmatique qui sépare les membres de notre groupe de ceux de la majorité. Nous l'avons dit et répété : l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture, que la nation se doit de garantir, a valeur constitutionnelle. Il est donc de notre responsabilité collective de défendre ce principe et de réfléchir à ses diverses modalités d'application.
Si la gratuité a un coût, elle est non seulement possible, mais surtout nécessaire. Hélas, l'argument de la soutenabilité financière est une nouvelle fois mis en avant pour refuser cette proposition de loi, comme il l'a été sur le texte précédent sur les aidants ou encore, hier au Sénat, au sujet de l'instauration d'un montant minimum de retraite fixé à 90 % du SMIC pour les retraités agricoles.
Était-il soutenable financièrement de supprimer l'impôt sur la fortune ou d'instaurer la fameuse flat tax ? La réponse est non. Pour satisfaire les intérêts d'une minorité, vous privez la grande majorité des Français de toutes les mesures de bon sens qui pourraient améliorer leur quotidien.
Est-il soutenable financièrement de se priver chaque année de 60 à 80 milliards d'euros qui vont directement dans les paradis fiscaux ? À cet égard, vous aurez la possibilité de vous prononcer efficacement lors de la discussion de notre prochaine proposition de loi sur les paradis fiscaux, présentée par Fabien Roussel.
Chers collègues, avouez que, sur un tel sujet, l'argument de la soutenabilité financière n'est pas acceptable. C'est pourquoi je vous invite à voter contre cette motion de rejet préalable.