Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du jeudi 8 mars 2018 à 15h00
Liste française des paradis fiscaux — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Rendez-vous bien compte que cet homme gagne en une minute plusieurs années de SMIC ! Ses revenus auront bondi, selon le magazine Forbes, de 71 % en un an. Pensez-vous qu'une telle fortune contribue autant qu'elle le devrait à l'effort national ? Pensez-vous que l'on devienne aussi riche sans jamais tricher avec les règles communes ? Bien sûr que non. C'est rigoureusement impossible. Comme par hasard, M. Arnault est cité dans les Paradise papers : il aurait fait appel à huit cabinets d'avocats pour loger ses actifs dans six paradis fiscaux.

Du reste, il est loin d'être le seul. Il serait trop long et trop fastidieux de conter ces exploits funestes, mais citons quelques autres noms, afin de « responsabiliser », comme dit la majorité, les ultra-riches. La fortune de la famille Bettencourt se monte à 35,8 milliards d'euros. En 2011, Liliane Bettencourt a subi un redressement pour n'avoir pas déclaré 100 millions d'euros, somme placée sur une douzaine de comptes à l'étranger. En décembre 2016, la chambre régionale des comptes a évoqué 600 000 euros de fraude fiscale dans le cadre du mécénat d'art de L'Oréal.

Serge Dassault, à la tête d'une fortune de 21,6 milliards d'euros, ancien sénateur, avionneur et propriétaire du Figaro, est lui aussi cité dans les Paradise papers. Entre 2008 et 2012, il aurait eu sept entreprises immatriculées sur l'île de Man pour échapper à la TVA sur la location de jets privés.

Patrick Drahi, avec 14,7 milliards d'euros, est propriétaire de L'Express et de Libération, où il a supprimé un tiers des effectifs. Il est, lui aussi, cité dans les Panama papers. Altice, sa société, est domiciliée à Amsterdam, avec six niveaux de holdings entre la maison mère et Numericable, par exemple.

Xavier Niel – 9,4 milliards d'euros – , co-propriétaire du journal Le Monde, est également cité dans les Paradise papers : il détiendrait 50 % d'une société maltaise propriétaire du Phocéa – l'ancien yacht de Bernard Tapie. Vous le voyez, dès qu'on parle de yacht, il y a déjà une suspicion de paradis fiscal.

Selon Forbes France, les cinq premières fortunes françaises cumulent à elles seules 137,2 milliards d'euros. Trouvez-vous que l'argent ruisselle ? Voyez-vous ce dégoulinement de richesses dans vos circonscriptions, mes chers collègues ? Permettez-moi de vous dire qu'à Aubervilliers ou à Pantin, ce n'est vraiment pas flagrant. Et l'on y a comme l'impression que l'argent qui manque tant s'est retrouvé dans la poche de ces ultra-riches, par un complexe exercice de prédation sociale et d'omission de redistribution.

Une liste exhaustive serait interminable, presque aussi longue que celle des morts dans la rue, celle des morts au travail, qui demeurent le plus souvent anonymes et oubliés, eux.

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