Plusieurs fois, vous nous avez rappelé votre engagement pour l'enseignement des arts à l'école, notamment à l'école maternelle et élémentaire, en liaison avec Mme Nyssen, ministre de la Culture. Pourriez-vous nous préciser la place des enseignements artistiques – histoire de l'art, théâtre, musique ou danse – dans la réforme du baccalauréat ?
Au lycée général, la nouvelle mouture du baccalauréat propose aux futurs lycéens de façonner leur parcours en fonction de leurs appétences disciplinaires, de leurs envies et de leurs ambitions académiques et professionnelles. Avec la multiplication des options, on peut craindre que la liberté laissée aux élèves soit supplantée par les stratégies familiales et sociales : voulant ouvrir une « voie royale » à leurs enfants, certains parents ne vont-ils pas les pousser à délaisser les disciplines libérales que sont les humanités ou les enseignements artistiques, alors qu'elles souffrent déjà fréquemment d'un déficit de légitimité ?
Vous l'avez souligné, tous les établissements ne proposeront pas l'ensemble des possibilités de couplage d'options : ne court-on pas le risque d'une mise en adéquation de l'offre et de la demande dans certains établissements, entraînant une forme de ségrégation scolaire et culturelle dans certains quartiers populaires où les codes sociaux sont différents ? Par ailleurs, comment se répartira l'offre d'options sur un territoire ? Sans verser dans la caricature sur l'école de la ruralité – on vous la sert trop souvent depuis quelques semaines –, je m'interroge néanmoins sur l'accessibilité de ces options dans certains territoires ruraux : trop souvent, les difficultés de mobilité conditionnent des choix par défaut pour certains élèves… Comme moi, vous connaissez l'importance de ces matières artistiques dans l'épanouissement et l'émancipation des élèves. Pouvez-vous nous préciser votre projet pour ces enseignements ?