Mes questions vont porter sur trois plans : politique, budgétaire et technique.
Sur le plan politique, alors que vous avez largement contribué à la rédaction de la partie « énergie » du programme de M. Emmanuel Macron, le Gouvernement enchaîne depuis quelques mois les renoncements en matière de sortie du nucléaire. Le rôle de l'ADEME étant de contribuer à la transition écologique par le déploiement massif des énergies renouvelables et l'atteinte d'objectifs fixés au niveau européen, ne pensez-vous pas que retarder la sortie du nucléaire a pour conséquence de freiner le développement des énergies renouvelables ? Comment comptez-vous concilier vos responsabilités politiques avec les objectifs assignés à l'ADEME, notamment la parole neutre et indépendante que vous estimez devoir porter, à laquelle vous avez fait référence dans votre propos liminaire ?
En matière budgétaire, dans votre réponse au questionnaire, vous distinguez trois orientations clés pour l'ADEME, dont l'accélération de la transition énergétique par le fonds consacré à l'économie circulaire ; vous indiquez cependant que ce fonds est en baisse, à 163 millions d'euros, tandis que d'autres lignes budgétaires subissent des diminutions de 10 % à 20 %. Au regard des objectifs du Gouvernement en matière de déploiement des énergies renouvelables, et alors même que le Fonds « chaleur » semble clairement insuffisant, comment comptez-vous être à la hauteur de l'urgence écologique, avec des budgets sectoriels en baisse ou trop restreints au regard des objectifs qui leur sont assignés ?
Dans un registre plus technique, j'aimerais vous interroger au sujet du futur projet de loi d'orientation sur les mobilités et de la volonté du Gouvernement de convertir massivement le parc automobile au « tout électrique ». L'ADEME a réalisé en avril 2016 une étude sur la voiture électrique selon laquelle « il est difficile de conclure que le véhicule électrique apporte une véritable solution aux enjeux d'efficacité énergétique ». Selon vous, la voiture électrique ne risque-t-elle pas d'accroître notre dépendance au nucléaire via une augmentation globale de la consommation électrique ? Par ailleurs, que pensez-vous de l'impact du développement des véhicules électriques sur l'utilisation des métaux rares tels que le lithium, et des conséquences économiques et environnementales qui vont en résulter ?
Enfin, au sujet de la rénovation thermique des bâtiments, dans laquelle je vois un enjeu important, vous tenez dans votre réponse au questionnaire des propos quelque peu sibyllins. Et si on cherche à lire entre les lignes, tout cela sent fort le désinvestissement de l'ADEME sur cette question. Quelle est votre position sur ce point, notamment au regard de la sobriété énergétique que l'on doit mettre en oeuvre pour pouvoir basculer vers les énergies renouvelables d'une façon à la fois rapide et massive ?