Pour conclure sur la question territoriale, j'évoquerai la « finance carbone » ou « finance verte ». Avec les obligations vertes, de nouveaux instruments financiers sont apparus, auxquels l'État et certaines régions françaises ont eu recours pour se financer. L'ADEME va entamer des discussions avec l'Agence France Trésor pour accompagner les territoires, car il s'agit d'un outil intéressant qui permet d'aller chercher de l'argent pour financer directement des programmes territoriaux d'équipement en matière de transition énergétique. Et de l'argent, il y en a : lorsque la France cherche 10 milliards par ce biais, elle se voit proposer 24 milliards ! L'Île-de-France a fait la même démarche et cela s'est très bien passé. Il est bon que l'ADEME soit présente afin d'éviter des « sorties de route » qui seraient dramatiques – on se souvient des emprunts toxiques des collectivités locales. Elle doit se positionner, d'autant qu'elle a déjà développé une expertise en la matière.
Le sommet international sur le climat du 12 décembre dernier a traité les questions de la finance carbone et du reporting climatique à plus grande échelle. L'ADEME a développé une expertise sur ces sujets et sur le coût carbone de chaque secteur grâce au travail sur le bilan carbone, et, aujourd'hui grâce au programme européen ACT.
Les transports durables, nous y viendront. Un début de programme est en cours avec le Fonds « air-mobilité », et un appel à manifestation d'intérêt vient d'être lancé. Les transports durables relèvent du même écosystème que la ville durable. Il y a un changement de société à la clef, et l'ADEME remplit sa mission de prospective en organisant cette évolution et en allant au contact des opérateurs urbains sur la question des démonstrateurs. Nous avons une expertise à faire valoir.
En matière de transition énergétique, nous n'avons pas abordé un sujet auquel je tiens : l'autoconsommation, qui reste un des grands combats menés lors de l'adoption de la loi relative à la transition énergétique, et une des grandes victoires que nous avons remportées. Nous allons regarder sérieusement comment les choses se passent dans le privé et dans le public, en particulier pour le logement public. Je sais que d'autres opérateurs de l'État ont pris publiquement position. Je pense qu'il ne faut pas lâcher sur ce point qui est extrêmement important pour une décentralisation énergétique à laquelle je suis très attaché.
J'en viens à la voiture électrique, sujet qui me permet de faire le lien avec l'autoconsommation. Je ne pense pas qu'elle équipera tous les Français, et je crois qu'elle est mise en avant pour répondre aux problèmes de pollution de l'air dans les grands centres urbains – et pas nécessairement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
De nombreux acteurs, par exemple chez Renault ou BMW, s'interrogent sur la seconde vie des batteries qui permettent d'assurer la fonction de stockage. Certains considèrent même qu'une voiture connectée pourrait permettre le stockage… C'est toute la question des réseaux électriques intelligents (smart grids). Je ne vous dis pas que c'est prêt ou que nous allons y arriver, mais cela vaut le coup de tenter l'expérience et de garder l'oeil sur tout cela.
Je partage une partie de la thèse, en vogue actuellement, sur l'obligation que nous avons de nous poser des questions sur l'utilisation des métaux rares. Nous devons nous imposer un recyclage beaucoup plus performant et, par conséquent, des modèles de construction et d'écoconception beaucoup plus solides.
Je n'ai pas eu le temps de traiter du problème du bruit. Le sujet n'est pas simple, en particulier près des aéroports. Il est globalement lié à des problématiques d'urbanisation.