C'est votre avis, monsieur Sermier ! Vous avez en tout cas plus de temps à consacrer à des rencontres sur le terrain.
En tout cas, en tant qu'EPIC, l'ADEME doit nouer une relation un peu différente. Si nous voulons travailler sur la massification, prendre en compte les territoires, écouter, « renifler » et accompagner les bonnes initiatives, il nous faudra travailler en partenariat avec les élus locaux, les députés et vos collègues sénateurs.
J'entends ce qui m'est dit sur la neutralité, mais ceux qui me connaissent savent que lorsque j'étais député d'une certaine majorité, je n'hésitais pas à monter au créneau. Par exemple, quand il a fallu trancher, dans la loi pour l'économie bleue, sur la REP, je n'étais pas du tout sur la ligne de la ministre, Mme Ségolène Royal. Je suis un garçon indépendant, j'ai un engagement que je ne renie pas, que je ne vais pas renier, mais je sais faire la part des choses. Je rappelle que sur certains sujets importants, il existe des possibilités procédurales de déport. En tout cas, pour être clair, je ne ferai pas de l'ADEME une agence de la Macronie…
Nous devons être intelligents en termes démocratiques ; faisons-nous confiance ! J'ai toujours été un garçon indépendant, je l'ai dit, et je suis neutre : mon engagement n'empiétera pas sur mon action en tant que président de l'ADEME.
Ceux qui me connaissent savent très bien que je peux dire ce que je pense, et je continuerai à le faire. J'ai fait le choix de ne pas me présenter aux élections législatives : je voulais faire autre chose, d'un peu plus opérationnel. Il reste que je suis engagé depuis l'âge de quinze ans et que j'ai toujours mené les combats qui sont aujourd'hui ceux de l'ADEME. Et puis, même si je prétendais que je n'étais plus du tout « marcheur », pas un de vous n'y croirait. Alors, ne tournons pas autour du pot ! En revanche, faisons-nous confiance, nous sommes adultes : je peux vous affirmer qu'il n'y aura pas de mise à disposition de l'agence ou de ses moyens pour tel ou tel camp politique. Jugez-moi à cette aune, sollicitez-moi ! Vous verrez ce qu'est la neutralité de l'agence et de son expertise : je m'en porte garant.
Monsieur Pahun, je pense comme vous s'agissant de la REP que vous évoquez. J'ai conservé, des discussions que j'ai pu avoir avec la filière au moment de la création de cette REP, le souvenir que le secteur avait la volonté d'avancer. Sachant que tous les plaisanciers sont très attachés à la conservation du milieu naturel des mers et des océans, je crois que nous arriverons à un résultat. Cela dit, il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs : l'ADEME a fait un travail d'évaluation du stock par rapport aux navires neufs, elle le poursuivra. Je m'engagerai sur ce dossier, comme sur la question de la filière industrielle des déchets liés au dragage et aux résidus portuaires – sujet également traité dans la loi dite « Leroy ».
Ces sujets sont importants. L'ADEME a le savoir-faire, les industriels sont prêts : il faut qu'elle puisse animer ces filières. La vingtaine de filières REP, et celle qui vient d'être créée, relèvent vraiment de sa compétence : l'agence doit apporter son expertise pour la mise en place des structures administratives et l'accompagnement. L'ADEME sera aux côtés du ministère et du secteur pour trouver un point d'atterrissage afin que tout cela devienne une réalité avant que nous n'ayons atteint l'âge de Mathusalem.
Sur le principe du fonds « hydrogène vert », je suis extrêmement positif, à cette limite près que ce n'est pas moi le décideur en matière de budget. Historiquement, l'ADEME a toujours regardé l'hydrogène d'un oeil favorable. Nous en parlerons certainement dans l'appel à manifestation d'intérêt en matière de mobilité car des trains à l'hydrogène commencent à circuler – j'ai été sollicité par vos collègues du Médoc et de Dordogne à ce sujet. Les voitures sont aussi concernées : quelques taxis parisiens roulent déjà à l'hydrogène. Nous devons traiter ce sujet car il est clair que l'utilisation d'un hydrogène décarboné serait extrêmement intéressante. Dans sa mission prospective, l'ADEME sera attentive à cette question ; en revanche, pour ce qui est du fonds « hydrogène vert », c'est vous qui votez les budgets, mesdames et messieurs les députés !