Madame la présidente, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, monsieur le rapporteur, madame et messieurs les rapporteurs pour avis, chers collègues, voter une loi de programmation militaire, c'est fixer un cap, un horizon budgétaire, et donner ainsi la visibilité nécessaire – à nos soldats bien sûr, à la communauté de défense dans son ensemble, et plus largement à la nation.
Chaque programmation militaire définit l'équilibre le plus juste entre l'exigence budgétaire du présent et la réponse adaptée aux risques et aux menaces. La notion de programmation est contemporaine de celle de la dissuasion ; longtemps concentrée sur les équipements, elle est progressivement venue traduire le modèle d'armée jugé souhaitable en projetant, au plan budgétaire, l'évolution de ses différents agrégats : capacités matérielles, effectifs, contrats opérationnels.
Depuis la professionnalisation, ce modèle d'armée repose sur des forces resserrées mais hautement disponibles, et capables d'exploiter toutes les possibilités de systèmes d'armes de plus en plus complexes. Cela a été dit, sur tous les bancs : notre armée est compétente et valeureuse. Mais, reconnaissons-le, l'analyse rétrospective de l'exécution très partielle des LPM successives depuis les années 1990 pose immanquablement la question de la soutenabilité d'un tel modèle d'armée. Un redoutable effet de ciseau s'est fait jour entre des effectifs fortement réduits, des matériels souvent vieillissants, et a contrario des interventions extérieures en nombre croissant et le développement de formes hybrides de guerre, sans oublier bien sûr le retour d'une menace intérieure.
C'est là précisément, madame la ministre, tout le mérite du projet de loi que vous nous présentez : refaire converger ambitions et moyens. C'est le gage de la crédibilité de notre modèle d'armée. Cette LPM est vertueuse : elle répare ; elle est sincère ; elle prépare l'avenir.
En premier lieu, elle permettra d'accroître la disponibilité des matériels, doublement affectée par le vieillissement et l'intensité d'usage. La hausse d'un milliard d'euros en moyenne par an, tout comme la réorganisation du maintien en condition opérationnelle, sont au service de cette ambition. Mais la réparation se fait aussi au niveau humain. Les chiffres sont là : au cours de la période couverte par les deux dernières LPM, ce sont près de 54 000 emplois qui ont été supprimés. Dans l'esprit de la remontée en puissance décidée au lendemain des attentats de Paris, ce projet de loi fait clairement porter l'effort sur les créations d'effectifs, principalement dans le domaine du cyber et du renseignement ; mais ces marges de manoeuvre nouvelles devront également permettre de renforcer certaines fonctions de soutien, fortement mises à contribution depuis dix ans.
Certains, à droite de l'hémicycle, vous reprochent, madame la ministre, de ne pas aller assez vite, assez loin et assez fort dans la remontée. Voilà qui ne manque pas de sel, …