Les armées nous écoutent et nous entendent. Et, puisque débat il y a sur le projet de loi de programmation militaire, il est normal qu'elles sachent qu'il y a, dans cet hémicycle, des points de vue qui s'affrontent : c'est la vie normale de la démocratie.
Puisque le titre Ierporte sur les dispositions relatives aux objectifs de la politique de défense et à la programmation financière, et après avoir indiqué tout à l'heure que la priorité quant aux moyens devait aller, pour nous, à la cyberarmée, à la maîtrise de l'espace et à la capacité de surveillance des mers, puisque nous disposons du deuxième domaine maritime au monde, le moment est venu de dire comment, d'un point de vue géopolitique, une loi de programmation militaire devrait répondre à la nouvelle donne.
Beaucoup d'entre vous se réjouissent de savoir que nous sommes la deuxième armée du monde libre. Nous récusons, pour notre part, totalement ce concept de monde libre, car il ne correspond à aucune définition politique, juridique ou internationale, mais bien à un phantasme, celui de l'ancienne guerre froide. Dans les circonstances présentes, dans lesquelles un monde désordonné et multipolaire cherche à se réorganiser, les États-Unis d'Amérique occupent une centralité autour de l'alliance militaire qu'est l'Otan. Or l'Otan correspond à une période désormais révolue.
Pour notre part, nous sommes partisans d'en sortir, de manière à garantir et à reconquérir non seulement l'indépendance – nous nous sommes définis, dans le numéro de la Revue Défense Nationale qui nous était consacré, comme des indépendantistes français – , mais surtout pour la mettre au profit d'une nouvelle forme d'organisation des relations internationales, dont il sera question dans un instant, notamment lorsque nous reparlerons du nucléaire.
Il nous apparaît donc dangereux de faire une loi prévoyant de nous enfoncer encore davantage dans le système d'organisation de la prétendue défense européenne qui n'est que l'organisation de l'Otan en Europe.