J'imagine, madame la ministre, qu'en un tel moment, vous ressentez une vraie fierté de défendre une loi de programmation militaire que je qualifie de rupture, pour suivre des textes de ce type depuis quelques années. Au-delà de ce projet de loi, je pense aux militaires qui se sont engagés, qui sont valeureux et auxquels, sur ces bancs, nous rendons tous hommage lorsque, malheureusement, un membre de leur belle communauté est touché.
Ces dernières années, nous avons connu des budgets qui, alors même qu'ils tutoyaient péniblement les 32 ou 34 milliards d'euros, souffraient d'arbitrages à l'issue desquels la parole donnée n'était jamais respectée.
Oui ou non, un tel effort s'imposait-il ? C'est la question que l'on peut se poser. Oui, il fallait le faire, et d'abord, vous l'avez inscrit dans le texte, madame la ministre, et je sais que vous y êtes attachée, pour la condition des militaires, qui méritait un effort particulier. Ensuite, bien sûr, pour les moyens opérationnels disponibles. On sait, par exemple, que le taux de disponibilité des avions, en particulier, est très faible. Il le fallait le faire aussi pour les risques, cela a été souligné par beaucoup de collègues, qui n'ont jamais été aussi importants sur le plan géopolitique, qui sont liés au terrorisme, à des foyers d'instabilité terrible, en Syrie ou dans d'autres parties du monde, sur le continent africain en particulier. Or l'on sait que la France y a, ces dernières années, joué un rôle majeur.
Madame la ministre, il ne faudrait pas, après avoir suscité une confiance très forte, fait envisager des perspectives d'évolution et des mutations technologiques avec des matériels toujours plus sophistiqués, que l'engouement partagé retombe. Vous pouvez compter sur la représentation nationale, députés comme sénateurs, pour être les gardiens du temple. J'entends par là que, derrière les moyens affichés, qui ouvrent la perspective au budget de la défense d'être, à l'horizon 2025, le premier de la nation, il faudra que les crédits suivent. Il faudra également veiller chaque année à ce que Bercy, que vous connaissez bien, madame la ministre, ne restreigne pas les ambitions légitimes que vous affichez à travers ce projet de loi.
Mon propos est donc placé sous le signe de la confiance tout autant que sous celui de la vigilance.