Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

J'évoquerai deux points, en particulier sur le rapport annexé, qui s'inscrit dans la continuité de la Revue stratégique. Au regard de la nécessaire autonomie stratégique de la France, partant d'un modèle complet d'armée, se pose la question de l'appartenance pleine et entière à l'OTAN. Or cette question est assez peu présente dans le rapport annexé.

Nous considérons, pour notre part, que l'OTAN exerce une tutelle trop forte sur la politique de défense française, et a pu de surcroît nous entraîner, par le passé, dans des conflits où nous n'avions strictement rien à faire. Nous considérons toujours que la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Alliance fut une erreur, d'ailleurs commise, il faut le souligner, par Nicolas Sarkozy.

Par ailleurs, la question de notre appartenance à l'OTAN est, à mes yeux, inséparable de celle de nos alliances avec des pays qui ne respectent aucune règle du droit international, comme la Turquie actuellement à Afrin. Cela devrait nous questionner.

Je souhaite également, madame la présidente, exprimer notre avis sur l'industrie militaire. Le rapprochement des deux armées et des deux industries de défense, l'allemande et la française, ne laisse pas de nous inquiéter, tant les différences sont patentes : ces deux armées n'ont ni le même niveau ni les mêmes finalités. Les faire travailler ensemble peut ainsi entraîner de curieux échecs. Au Mali, par exemple, les soldats allemands et français se sont déployés en même temps, mais pas ensemble.

J'appelle votre attention sur l'industrie de défense, qui est malheureusement l'un de nos derniers fleurons. La France possède un savoir-faire en la matière ainsi que des industriels et des ouvriers de très grande qualité, qu'il nous faut évidemment protéger. Là encore, un rapprochement trop étroit avec l'industrie allemande serait sans doute préjudiciable aux emplois en France.

Le rapport annexé à l'article évoque deux chantiers industriels majeurs : les chars de combat et l'avion de combat du futur, que notre collègue Lagarde a précédemment évoqué. Nous ne sommes pas opposés à des accords bilatéraux dans le domaine de la défense, bien entendu – certains fonctionnent bien avec l'Italie, par exemple – , mais nous sommes résolument opposés à des accords multilatéraux, qui aboutissent bien souvent à des catastrophes industrielles.

Si nous n'avons rien, je le répète, contre les accords bilatéraux, ceux-ci doivent reposer sur des intérêts communs. Or, en termes d'utilisation et de politique d'export, les intérêts français et allemands ne me semblent pas toujours converger.

Il nous faut être clairs dès le début sur ce que nous donnons à nos partenaires allemands, et sur ce que nous en recevons en termes de technologies.

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