Je mettrai mes pas, madame la ministre, dans ceux de nos collègues Lachaud et Mélenchon. Je souhaite essayer, à mon tour, de vous convaincre que l'Europe de la défense n'est en vérité qu'une chimère, qui s'inscrit totalement dans le cadre de l'OTAN. Quoi que vous en disiez, vous n'avez aucune volonté d'émancipation par rapport à l'OTAN.
Pour la clarté des débats, je rappelle qu'aux termes de l'article 42, alinéa 7, du traité sur l'Union européenne, « les engagements et la coopération dans [l] e domaine [de la politique de sécurité et de défense] demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, qui reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l'instance de sa mise en oeuvre ». Vingt-deux des vingt-huit pays membres de l'Union européenne appartiennent, je le rappelle, à l'OTAN. Bref, l'Europe de la défense, c'est l'OTAN : nous retrouvons ici une difficulté déjà signalée.
Nos partenaires européens pourraient à tout le moins marquer qu'ils ne s'alignent pas les États-Unis, s'agissant notamment du matériel militaire. Plutôt que d'acheter des F-35, pourquoi le Danemark, l'Italie, la Norvège et les Pays-Bas n'achèteraient-ils pas notre avion Rafale, par exemple ? Cela donnerait un peu corps à une réalité. Il y a, pour le matériel des pays membres de l'OTAN, on le voit bien, une obligation d'interopérabilité avec le matériel américain.
En cela, l'article 2 contourne un sujet majeur. L'indépendance et la pleine souveraineté de la France passent par la sortie de cet accord daté, né à l'époque de la Guerre froide, belliciste, et dont sont membres des pays comme la Turquie, qui mène une guerre insupportable contre nos alliés kurdes. Nous ne voulons pas être entraînés dans un conflit à cause de cette alliance, dont je répète qu'elle est datée. C'est pourquoi la pleine souveraineté de notre pays passe par une sortie de l'OTAN.