Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Je veux réagir à l'intervention de notre collègue qui tentait de justifier le taux de 2 % du PIB, devenu un totem, à l'instar des 3 % de déficit sous lesquels il faut impérativement passer pour se voir décerner le titre de bon élève de la Commission européenne. Les 2 %, nous explique-t-on, correspondent à la moyenne mondiale, à laquelle nous devons nous conformer. Mais pourquoi ne ferions-nous pas mieux ? Pourquoi pas 4 %, ce qui nous rendrait encore plus performants et plus efficaces que les autres ? Nous nous rendons compte, en réalité, du caractère « hors sol » – le sol géopolitique, en l'espèce – d'une partie de ce débat.

Nos collègues Lachaud, Mélenchon et Corbière l'ont rappelé, notre discussion reste purement économique et technique ; il y manque la composante géopolitique. Pourquoi nous opposons-nous au choix arbitraire des 2 % ? Parce que nous devrions discuter de la stratégie de la France, qui doit assurer la protection de son territoire et se donner les moyens de sa force armée, mais avec l'objectif de défendre la paix.

La paix ne se construit pas par l'escalade, ni par un jeu entre les nations, à celle qui aura plus que l'autre.

Je tiens aussi à rappeler que si l'on érige ces 2 % en un objectif absolu, on ne le fait pas pour l'aide au développement, par exemple, qui reste loin d'objectifs bien moindres, pour l'éducation ou pour la culture.

On pourrait aussi se donner d'autres priorités. Et c'est le sens de nos interventions : nous avons d'autres priorités, comme celle d'assurer la protection sur notre territoire. Pour nous, l'avenir, au niveau géopolitique international, n'est pas la course aux armements, la possession de davantage d'armes, au contraire. L'avenir, ce sont d'autres priorités, comme l'éducation, la transition écologique, l'aide au développement. C'est comme cela que l'on construit la paix. Ce n'est pas en fabriquant des armes, mais en bâtissant d'autres politiques.

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