Merci pour vos interventions. Vous nous avez rappelé une triste réalité : depuis 2015, le Yémen est au coeur d'un grave conflit qui a provoqué une importante crise humanitaire à laquelle il faudrait trouver une solution politique pour que les ONG puissent travailler dans de très bonnes conditions et que les droits humains soient respectés.
Aujourd'hui, l'Arabie Saoudite a indiqué qu'elle avait intercepté un missile balistique lancé par les Houthis vers Riyad, tandis que les rebelles yéménites affirmaient avoir tiré un missile sur le palais d'al-Yamamah, la résidence officielle du roi Salman. Avec la disparition d'Ali Abdallah Saleh, Riyad a perdu un atout unique, un homme capable de peser de l'intérieur sur la rébellion. L'ancien président apparaissait comme l'un des hommes les plus à même de négocier un éventuel accord politique.
Les rebelles houthistes, soutenus par Téhéran, sont désormais maîtres de Sanaa. Cette situation nouvelle risque de susciter une intensification de l'engagement de l'Arabie Saoudite qui a d'ailleurs frappé des positions houthistes dès le 4 décembre. Le jour suivant, le président de la République islamique d'Iran, M. Hassan Rohani, a assuré que le pays serait libéré des mains des agresseurs saoudiens. L'escalade risque de continuer, l'Arabie Saoudite intensifiant sa lutte contre les rebelles houthistes et l'Iran ripostant par une augmentation de son engagement.
La France joue un rôle d'équilibriste au Moyen-Orient. Elle a été l'un des premiers pays à s'exprimer en faveur du départ du président Saleh et à soutenir le plan du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCEAG), qui avait été signé le 23 novembre 2011, en coordination avec l'Union européenne et les États-Unis. Elle reconnaît d'ailleurs la légitimité du président Abd Rabbo Mansour Hadi et du gouvernement en exil. La France a rappelé qu'elle est extrêmement préoccupée par la situation au Yémen et qu'un cessez-le-feu durable doit rapidement intervenir pour éviter toute aggravation de cette crise.
La protection des populations et des infrastructures civiles ainsi que l'accès complet, inconditionnel et sans entrave de l'aide humanitaire sont des obligations du droit international humanitaire qui s'impose à toutes les parties au conflit. La visite surprise du président Macron à Riyad constituait une démarche destinée à apaiser ces tensions régionales. Le Président de la République a d'ailleurs confirmé sa volonté de parler à tout le monde. Aujourd'hui, il a exprimé sa solidarité avec Riyad après l'interception du missile tiré par les rebelles houthistes.
Les forces houthistes ont repris l'ensemble des territoires du nord où elles bénéficient de soutiens tribaux et sont plus à même de se défendre. De son côté, le gouvernement d'Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la coalition internationale, se trouve dans le sud, à Aden, et il ne parvient pas rétablir une administration solide sur ce territoire. Le récent projet de banque centrale a échoué tandis que le gouvernement est contesté par des forces sécessionnistes. Le Yémen se trouve donc dans une situation très difficile. Les Houthis semblent en position de force, notamment dans le nord du pays, mais une intervention de l'Arabie Saoudite pourrait profondément changer la donne.
Selon vous, les Houthis sont-ils en position de force ou de faiblesse, suite à la mort de l'ancien président Ali Abdallah Saleh ? Après les événements qui se sont déroulés aujourd'hui, quelle réponse l'Arabie Saoudite peut-elle apporter aux Houthis ?