La sécurité passive en tant que telle ne constitue pas une réponse suffisante aux agressions. La sécurité inclut la sécurité passive, c'est-à-dire les mesures matérielles qui permettent de protéger les installations, mais je pense que l'homme et l'information sont indispensables tant pour sûreté et que pour la sécurité. Quel que soit le mur que vous élèverez autour d'une piscine, je ne crois pas qu'il sera jamais suffisant. S'il n'y a pas l'intelligence de l'homme en permanence, en plus du mur, je ne pense pas que la sécurité sera assurée de manière satisfaisante.
Je crois à l'importance de l'intelligence humaine. Elle permet par exemple d'accroître la capacité de prévention en donnant accès à des renseignements. L'honnêteté veut que l'on reconnaisse que lorsqu'un incident de sécurité est survenu, il y avait assez fréquemment eu des prémisses, des indices issus de renseignements collectés par des humains qui laissaient penser que ce type d'incident pouvait se produire. Bien entendu, cela ne signifie pas que chaque fois que l'on trouve un indice, il y a un incident – ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Le comportement humain sur zone constitue un élément indispensable de la protection, au-delà des protections physiques. Je ne crois pas que l'on puisse séparer ceux qui s'occupent de la protection physique, qui constitueraient une première barrière « passive », de ceux que l'on considérerait comme mettant en oeuvre des mesures complémentaires humaines « non passives ». En tant qu'exploitant nucléaire, après avoir dirigé un centre nucléaire, j'estime que la sécurité se conçoit dans son ensemble : la sécurité passive est l'un de ses éléments, mais il ne peut pas être le seul.
Pour répondre à votre question, j'aurais tendance à dire qu'il faut confier l'ensemble de la sécurité à une même autorité, éventuellement avec la sûreté, mais je ne pense pas que l'on puisse confier une partie de la sécurité à une autorité, et le reste à une autre…