Intervention de Christophe Lecourtier

Réunion du mercredi 14 mars 2018 à 16h30
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Christophe Lecourtier, directeur général de Business France :

La question est assez fondamentale en effet pour la définition d'une nouvelle étape de notre stratégie. Tout ce que j'ai indiqué restera d'actualité : nous allons évidemment profiter de la meilleure fortune et de la perception significativement améliorée de la France pour chercher davantage de nouveaux projets créateurs d'emplois et d'activités de R&D. Cependant, l'économie est une réalité vivante, faite de création et de destruction permanentes, et, nonobstant tout ce que fait, et très bien, Bpifrance, que Nicolas Dufourcq vous a exposé, nous n'avons pas encore de dispositif de capital-risque à la mesure des enjeux à la fois de protection de notre patrimoine industriel et économique et de développement des nouvelles activités. Pour de très nombreuses raisons, nous souffrons d'un handicap comparatif par rapport à un certain nombre de pays, à commencer par les pays anglo-saxons.

Il n'est donc pas illégitime de penser qu'une agence comme la nôtre devrait aussi pouvoir investir ce domaine. C'est finalement notre rôle : qu'il s'agisse d'export ou de soutien aux investisseurs, nous faisons de l'intermédiation. Nous sommes un marieur, qui met en relation des acteurs économiques qui ont des choses à faire ensemble. C'est ce que nous faisons toute la journée, mais il faut le faire à bon escient. Il ne serait donc pas illégitime, au-delà de la promotion de la France, de faire celle d'entreprises qui souhaiterait ouvrir leur capital. Nous pourrions même jouer un rôle en matière de cessions d'entreprise à des investisseurs étrangers. Ce serait là une orientation assez normale. N'oublions pas le changement de génération, j'ai d'ailleurs connu dans ma propre famille une situation de ce type : un certain nombre de dirigeants, enfants du baby-boom et arrivés à l'heure du papy-boom, sans héritiers ou dont les enfants ne souhaitent pas reprendre l'entreprise, peuvent souhaiter céder celle-ci dans les meilleures conditions possibles. Toute la difficulté est de le faire sans naïveté et avec suffisamment de discernement pour que cela ne se traduise pas par une perte de substance du tissu industriel français. Nous avons ainsi participé à la réflexion sur la révision du décret sur les investissements étrangers (IEF). Le but est de mettre en place toutes les garanties déontologiques et méthodologiques qui éviteront de mettre en relation la bonne entreprise avec le mauvais investisseur. C'est là un autre domaine dans lequel il y a matière à une amélioration significative de l'organisation générale des services de l'État ; s'il est nécessaire de mieux articuler tout ce qui accompagne la vie d'un projet nouveau, je pense qu'il y a aussi beaucoup à faire pour éviter de jeter le petit Chaperon rouge dans la gueule du loup ! Nous entretenons à cet égard des relations beaucoup plus étroites qu'auparavant avec les services plus « défensifs » de l'État, notamment à Bercy, qui devront élever leur niveau de garde et de vigilance, en tout cas leur capacité, dans chaque secteur et chaque catégorie d'investisseurs, à séparer le bon grain de l'ivraie.

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