Notre commission d'enquête s'est rendue la semaine dernière aux États-Unis. À Washington, nous avons étudié certains aspects réglementaires, à San Francisco, nous avons rencontré des investisseurs français présents aux États-Unis et aussi des investisseurs américains qui souhaitent venir en France.
Ma première question porte sur l'attractivité de la France. Vous l'avez dit : les choses changent un peu depuis quelques mois. Les investisseurs étrangers nous disent que la France renvoie une image d'attractivité pour les investisseurs étrangers, notamment avec des initiatives comme le Sommet « Choose France », qui visent à montrer que notre pays accueille les investisseurs étrangers et que nous en avons besoin. Votre travail pour booster l'attractivité de notre pays le montre bien : il y a là un réel enjeu. Cependant, les questions que nous nous posons, dans cette commission d'enquête ou dans d'autres cercles, ne risquent-elles pas de faire germer quelque doute dans l'esprit des investisseurs que vous rencontrez ? Ne peuvent-ils trouver un peu contradictoires ces signaux ? Notre souci de protéger le petit Chaperon rouge, de façon parfois un peu trop protectionniste, nos processus français, nos questions françaises, notre administration française tout cela ne risque-t-il pas d'effrayer les investisseurs étrangers, au risque de mettre un coup d'arrêt à notre stratégie d'attractivité ?
Ma deuxième question porte sur la différence entre les investisseurs français et les investisseurs étrangers. On nous a souvent dit, lors de notre déplacement aux États-Unis, que dans certains secteurs comme la « tech », l'intelligence artificielle ou le numérique, les investisseurs français pouvaient se montrer un peu frileux, alors que les investisseurs américains ou ceux d'autres pays étaient prêts à aligner des tickets beaucoup plus importants. Quelqu'un nous a même dit que la France était en train, non pas de créer des unicorns, c'est-à-dire des licornes, mais des « ponycorns », autrement dit d'en rester à de petites « success-stories ». Avez-vous le même sentiment ? Cela signifie-t-il que nous ayons davantage encore besoin de l'étranger ?
Ma troisième question porte sur les éléments différenciants.
Vous avez pour objectif de contribuer à l'attractivité de la France, et d'attirer des investisseurs étrangers. Lors de notre déplacement, nous avons beaucoup entendu parler de la concurrence que se font les pays pour y parvenir. À San Francisco, par exemple, qui affiche 4 %, 4,5 % de chômage, de nombreuses entreprises souhaitent s'agrandir et ont, de ce fait, un vrai besoin d'ingénieurs.
Nous disons qu'il faut investir en France, parce que nos ingénieurs sont bons et coûtent moins cher qu'aux États-Unis – 200 000 dollars pour un ingénieur, surtout dans la Silicon Valley, et parce que nous avons d'excellentes infrastructures, des trains et des aéroports. Ce discours porte. Mais des investisseurs français ont remarqué que certains pays, comme l'Ukraine, l'Inde ou d'autres encore, pouvaient maintenant tenir le même langage.
Avec votre expérience, pensez-vous que nous ayons du mal à nous différencier des autres pays ? Quels leviers n'aurions-nous pas encore utilisés, dans ce contexte de concurrence mondialisée, pour attirer les investisseurs étrangers ?