Dans un jeu de rôle permanent, nous nous sentons tout obligés de nous contredire les uns les autres sans avoir toujours bien écouté l'orateur précédent. Ce n'est peut-être pas bien grave.
Monsieur le ministre, puisque nous prenons tout ça avec humour, je vous parle violon, vous me répondez boîte à clous. Je vous parle pédagogie, vous évoquez les disciplines que vous développez. Reconnaissez toutefois qu'on peut introduire l'enseignement du latin et du grec sans que celui-ci soit transmis par des pédagogies innovantes.
Nous savons tous que certains enseignants développent des pédagogies un peu nouvelles dans l'espace de leur cours. Toutefois, cette liberté pédagogique dont nous parlons ne doit pas s'apprécier dans le cadre d'un cours, mais dans celui d'un établissement. Certaines pédagogies peuvent en effet poser la question du déroulement de l'ensemble de la journée, et cela nécessite d'aller au-delà du comportement de tel ou tel enseignant dans sa classe.
Madame Charrière, puisque vous m'objectez une formule que je n'aime guère – « Vivons-nous sur la même planète ? » – , je vous retourne l'argument. Pour avoir été professeur, vous savez que, dans nombre d'établissements, l'effectif des classes, joint au manque de moyens matériels, conduit les enseignants, même courageux, à baisser les bras. Les effectifs pléthoriques réduisent les possibilités d'emmener les élèves au théâtre. Au collège Lenain de Tillemont, à Montreuil, le dédoublement des classes sera remis en cause à la rentrée prochaine, parce que la dotation horaire globale – DHG – est légèrement revue à la baisse. Telle est la réalité sur la planète où je vis, comme vous, probablement.
Beaucoup d'enseignants, moteurs de pédagogies innovantes, en ont ras le bol – pardonnez-moi l'expression – de porter sur leur dos, parfois le soir, chez eux, en travaillant très tard, de bonnes initiatives que le système décourage, en raison de restrictions budgétaires.
Disons-le clairement : aujourd'hui, des pédagogies comme celle des écoles Montessori ne se développent pas dans les établissements publics de l'éducation nationale, ou à titre exceptionnel, alors même qu'elles existent dans des établissements privés hors contrat.
Cela dit, le rapporteur nous a répondu de manière intéressante et je suis heureux que nous ayons pu échanger ces idées. Le débat continue.