Intervention de Thierry Gadault

Réunion du jeudi 15 mars 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Thierry Gadault, journaliste :

À la lecture de la décision de l'ASN sur la cuve de l'EPR, à la lecture de sa décision concernant le générateur de vapeur de Fessenheim, à la lecture du récit des événements qui ont abouti à ce qu'on a appelé le scandale de la forge du Creusot, on ne peut pas considérer que l'ASN soit une autorité indépendante. Ces questions sont très graves. Encore une fois, l'ASN, dans sa décision de septembre, n'exclut plus le risque de rupture du fond de la cuve de l'EPR : c'est une remise en question complète de la sûreté nucléaire française.

Ces deux décisions ont remis en cause notre jugement sur l'ASN. En effet, jusqu'à ce moment précis, nous pensions, malgré les pressions qui s'exerçaient sur elle, que l'ASN était une autorité indépendante ; nous connaissons le parcours de Pierre-Franck Chevet qui a montré, y compris quand il était jeune ingénieur, qu'il savait prendre des risques quand il s'agissait de défendre la sûreté – je pense à ce qui s'est passé avec le réacteur Superphénix… Nous pensions par conséquent que l'ASN construisait, dans la difficulté mais en en prenant le temps, une réelle indépendance. Cette lecture, je le répète, a été remise en cause par ses récentes décisions. Il est donc compliqué de vous répondre par oui ou par non, blanc ou noir. Ce serait suivre une logique un peu trop binaire alors qu'il y a de nombreuses zones grises dans la vie – et l'ASN se trouve aujourd'hui, précisément, dans une zone grise. Pour en sortir, il lui faudrait avoir une communication officielle tout à la fois plus allante et plus claire.

J'ai ainsi écouté l'audition de Pierre-Franck Chevet et je n'ai pas compris ce qui se passait avec ce problème des soudures du circuit d'eau secondaire de l'EPR : il n'a fourni aucune explication sur la nature de ces soudures, la partie du circuit d'eau concernée, l'importance et les conséquences des anomalies relevées ; il vous a simplement dit qu'il n'était pas d'accord avec EDF. Circulez, il n'y a rien à voir… Est-ce cela qu'on attend d'une Autorité de sûreté nucléaire indépendante ? Son rôle n'est-il pas plutôt, d'abord, d'annoncer un problème et d'ensuite en expliquer la nature et la gravité ? Peut-être ce problème de soudures n'est-il pas grave, peut-être l'est-il… Je retire en tout cas des informations que j'ai pu recueillir qu'il est très grave parce qu'il va entraîner des retards certains dans la mise en exploitation du réacteur.

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