Intervention de Thierry Gadault

Réunion du jeudi 15 mars 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Thierry Gadault, journaliste :

Pour avoir un peu travaillé sur la stratégie européenne, à une époque où l'on ne parlait pas encore de changement climatique, mais où l'on avait pris conscience de la nécessité de développer les industries et les énergies renouvelables, tous les experts, français et autres, étaient d'accord sur le fait que l'ouverture à la concurrence par la Commission européenne allait totalement déréguler et déréglementer le système en y introduisant de grandes incertitudes. Imposer une concurrence pure et parfaite aux électriciens sur une infrastructure de réseau qui supporte très mal la concurrence ne répond en rien à la situation – tous les électriciens ont aujourd'hui des difficultés financières pour différentes raisons et qui ne sont pas toujours liées à la concurrence puisque, par exemple, EDF en est encore largement protégé. Veut-on appliquer des politiques qui prennent en compte le risque climatique ? Il faut dès lors savoir quelles solutions adopter dans l'ensemble des secteurs économiques – on pense à la solution ferroviaire. Ou bien décide-t-on de tout soumettre à la concurrence quoi qu'il se passe dans le monde ? Ces deux logiques s'opposent et ne sont pas conciliables. Quant aux difficultés financières d'EDF, encore une fois, elles sont dues à la stratégie menée depuis vingt ans dans le but de devenir l'électricien du monde. Or c'est un échec sanglant puisque l'entreprise est dans une situation financière impossible ; on peut même dire qu'elle est KO debout.

Nous n'avons effectivement pas enquêté sur la sécurité, non que nous ne la prenions pas en compte, mais parce que nous savions qu'un documentaire sur le sujet allait être réalisé en collaboration avec Greenpeace et que Greenpeace même préparait quelque chose de son côté. Certes, les risques – et tout le monde pense au risque terroriste – ont forcément une répercussion sur la dimension des installations nucléaires. On peut se demander si l'ASN a les moyens, la sécurité ne faisant pas partie de ses prérogatives, de prendre les bonnes décisions quant au dimensionnement correct d'éventuelles nouvelles centrales nucléaires. Des améliorations sur le lien entre sûreté et sécurité doivent certainement être apportées, l'ASN devant disposer de plus de pouvoir en matière de sécurité.

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