Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 15h00
Questions sur le financement de l'aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Monsieur le secrétaire d'État, à l'heure où le Gouvernement envoie un signal, que beaucoup d'entre nous jugent violent, avec le projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif, qui rompt brutalement avec notre tradition d'accueil, aucun débat n'est lancé pour appréhender les réalités migratoires dans toutes leurs complexités. Il est pourtant nécessaire de s'interroger sur les raisons de l'exil des personnes et, dans ce cadre, sur les outils de l'aide publique au développement, qui est un facteur majeur de paix et de coopération.

Je rappelle, d'abord, que la promesse électorale du candidat Macron en faveur d'une augmentation de l'APD n'a pas été tenue. En effet, le nouveau président n'a pas concrétisé son engagement d'allouer 0,55 % de la richesse nationale à l'APD d'ici à 2022 : le projet de loi de finance pour 2018 n'a prévu que 100 millions d'euros de plus, loin des 1,2 milliard d'euros espérés. Or, sans la décision d'augmenter dès 2018 le budget de l'aide, l'objectif de 2022 perd toute sa crédibilité. La promesse est donc non seulement enfreinte, mais elle reste insuffisante au regard de l'engagement de la France devant les Nations unies d'allouer 0,7 % de son revenu national brut à l'APD.

En outre, l'utilisation de l'aide publique au développement comme outil de contrôle des frontières doit être a minima questionnée. Je fais référence ici à l'externalisation des frontières européennes. On prétend faire des campagnes d'information pour dissuader les migrants de « risquer leur vie » pour venir en Europe mais, en réalité, ces politiques sont avant tout communicationnelles. Pire encore, les politiques de développement sont ponctionnées pour financer ces politiques sécuritaires. C'est exactement l'objet du fonds fiduciaire pour l'Afrique créé lors du sommet de La Valette en novembre 2015. À notre sens, l'aide publique au développement doit, au contraire, contribuer à lutter contre les causes profondes de la pauvreté en se déployant sur différents fronts : éducation, prévention, santé, lutte contre le dérèglement climatique.

Monsieur le secrétaire d'État, êtes-vous prêt, dès maintenant, à augmenter les moyens de l'aide publique au développement ?

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