Depuis le 1er juillet 2017 et l'inauguration de la ligne à grande vitesse, Bordeaux n'est plus qu'à deux heures de Paris. Si nous pourrions tous nous réjouir du rapprochement de ces deux villes par le train, donc des meilleures possibilités de mobilité offertes aux citoyens, il y a un problème, qui découle du montage financier de l'opération, puisqu'il s'agit d'un partenariat public-privé passé entre l'État, la SNCF et l'entreprise LISEA, une filiale de Vinci.
Alors que LISEA a investi moins de la moitié des 7,8 milliards d'euros qu'a coûté au total l'opération, les pouvoirs publics ayant apporté 4 milliards, elle récupérera la totalité des recettes des péages pendant au moins quarante-quatre ans – et quelles recettes ! La SNCF verse un péage équivalent à 7 000 euros à chaque fois qu'un train effectue un trajet sur cette ligne, entre Tours et Bordeaux. Avec une quarantaine d'allers-retours quotidiens, la note s'élève à 500 000 euros par jour pour l'entreprise publique.
Encore une fois, on socialise les investissements pour ensuite privatiser les gains. C'est d'autant plus choquant que les fréquences des trajets ont été augmentées par suite des pressions de LISEA et Vinci, et ce afin de satisfaire leurs actionnaires, en leur garantissant un taux de rentabilité exceptionnel de 15 %.
Dans le même temps, la SNCF s'attend à être déficitaire de 150 millions d'euros par an sur la ligne à grande vitesse Bordeaux-Paris. Dès lors, elle n'a plus que deux solutions : soit laisser grossir sa dette, soit faire payer l'addition aux usagers en délaissant d'autres lignes et en augmentant le prix des billets.
Plutôt que d'accuser une entreprise publique de tous les maux, en montrant du doigt sa dette et le statut des salariés qui y travaillent, pourquoi n'allez-vous pas chercher l'argent où il est, à savoir dans les poches pleines de tous ceux qui se paient sur la bête, avec la complicité de ceux qui sont à la tête de l'État, de la SNCF et de quelques élus ?
À ce propos, s'agissant de la ligne Bordeaux-Dax qui vient d'être évoquée, je précise que s'il bénéficie du soutien de quelques élus, le projet rencontre une forte opposition de la part des citoyens et des associations environnementales.
Ma question est la suivante, madame la secrétaire d'État : comptez-vous revenir sur ce partenariat public-privé inique, qui ne profite qu'à quelques privilégiés qui ne prennent que très peu le train ? Qu'est-il prévu pour le financement – à ce jour non acquis – du tronçon Bordeaux-Toulouse, dont le coût est évalué à 9 milliards d'euros ?