Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 21h35
Questions sur le programme de privatisations du gouvernement

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Et il n'est dès lors pas question que l'État perde la capacité de contrôle et de régulation du caractère stratégique de cette entreprise. En revanche, j'estime que l'agrandissement de l'aéroport, un nouveau terminal ou bien des investissements en termes d'hôtels ou de boutiques ne sont pas au coeur de la stratégie de l'État. Et si nous allons procéder à ces cessions d'actifs, c'est justement pour redéfinir clairement aux yeux de tous les Français – ce qui n'a pas été fait depuis trente ans – la place de l'État dans l'économie française.

Pour moi, et je l'assume totalement, car c'est tout le mérite du débat politique que d'en poser les termes devant les Français sans être forcément d'accord, la place de l'État se définit en fonction de trois critères. J'estime que l'État, c'est d'abord les services publics, le premier d'entre eux étant la SNCF, qui restera pour cette raison un grand service public national, contrairement à ce que disent certains pour jeter un peu d'huile sur le feu dans le contexte actuel. Le deuxième rôle de l'État, c'est de maintenir du contrôle dans des domaines qui relèvent de notre souveraineté nationale. À cet égard, il est évident qu'on ne va pas privatiser l'énergie nucléaire, ni tout ce qui relève du domaine militaire. Et puis, il y a un troisième type d'activités de l'État auquel je suis très attaché : c'est le contrôle de l'ordre public économique. Ainsi, quand des entreprises ne respectent pas l'ordre public économique, qu'elles soient françaises ou étrangères – pensons à Google ou à Apple – , nous lançons des procédures pour les faire condamner.

Mais quant au reste, j'estime que ce n'est pas à l'État de jouer le rôle qu'on lui fait jouer aujourd'hui, d'autant plus qu'il existe d'autres moyens de contrôle plus efficaces que la présence à 10 %, 15 % ou 20 % dans un conseil d'administration, dans un capital d'entreprise : la régulation. Que ce soit pour La Française des jeux ou, s'agissant d'ADP, pour les pistes, pour le contrôle aérien, pour la sécurité, pour les frontières et aussi pour les tarifs – afin de ne pas commettre à nouveau l'erreur commise avec les autoroutes – , c'est la régulation la bonne réponse.

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