Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 21h35
Questions sur le programme de privatisations du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

« Je redis qu'elles ne seront pas privatisées. » Voilà ce qu'affirmait Nicolas Sarkozy en 2004 dans ce même hémicycle au sujet d'EDF et de GDF. Toute ressemblance avec des faits réels ou des personnages existants est certainement fortuite. En tout cas, ces propos montrent bien que la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain, le marché de l'énergie ayant été ouvert à la concurrence et GDF ayant été privatisé peu de temps après.

Le Gouvernement se targue aujourd'hui de ne pas privatiser la SNCF, mais la réforme proposée ouvre très clairement la voie à une privatisation et l'ouverture à la concurrence elle-même se traduira de facto dans notre pays par une privatisation de pans entiers du service et du système ferroviaires, qui sont actuellement assurés par un service public.

Vous vouliez convaincre qu'avec le privé, les prix baisseraient, que les trains arriveraient à l'heure, que la grâce nous toucherait enfin. Nos concitoyens peuvent témoigner des effets de l'ouverture à la concurrence sur leurs factures de gaz et d'électricité. Ils se souviennent de la privatisation des autoroutes, devenues de véritables machines à cash pour les concessionnaires. Leur expérience devrait vous inciter à la prudence au moment où vous envisagez de privatiser ADP, anciennement Aéroports de Paris, et de vous séparer de participations publiques. Il serait plus utile d'orienter de façon vertueuse la gestion et l'économie.

Ces opérations conduisent la puissance publique à faire une mauvaise affaire financière, à perdre le contrôle d'infrastructures stratégiques, et peuvent les dépouiller d'une capacité d'intervention. Elles peuvent aussi nous entraîner à payer plusieurs fois des infrastructures qui parfois doublonnent – je pense notamment aux infrastructures téléphoniques – au mépris de tout esprit de responsabilité à l'égard des ressources de la planète.

Nous sommes contre la privatisation du monde, qui donne le pouvoir aux grands propriétaires. Nous lui préférons le service public, qui défend l'intérêt général et le bien commun, et qui appartient effectivement à toutes et à tous.

Je vous poserai trois questions.

Que pouvez-vous nous dire précisément de vos projets de cession d'actifs, qui devraient être mis en débat ?

Que pouvez-vous nous dire de la nature des fonds, notamment du fonds pour l'innovation de rupture dont vous avez parlé ? Ne s'agit-il pas d'un tour de passe-passe pour financer la dette ?

Quand réfléchirez-vous à renationaliser les autoroutes ?

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