L'État de demain, à mes yeux, doit garantir le bon exercice de ses missions régaliennes, dégager des capacités d'investissement sur ses missions régaliennes et celles liées à la souveraineté nationale, mais être capable, en retour, de se désengager d'un certain nombre d'actifs tout en veillant avec beaucoup d'attention, de lucidité, au maintien d'un contrôle et d'une régulation sur ce qui lui semble le plus essentiel. Telle devra être, à mon sens, demain, la place de l'État dans la société française.
Il y a également, je le redis, de grands services publics à la française, qui font l'honneur de notre nation, et – j'irai même plus loin – qui sont une part de notre identité. Oui, La Poste constitue une part de notre identité ; elle est un grand service public et a vocation à rester un grand service public national présent dans tous nos territoires, dans toutes nos communes, dans tous nos départements. Oui, la SNCF est un grand service public national, je n'y reviendrai pas ; le transformer, c'est garantir sa capacité à réussir dans les décennies qui viennent.
La régulation peut être tout aussi efficace, si ce n'est plus efficace, que la participation au capital. Je n'aurai pas la cruauté de rappeler le nombre de décisions qui ont été imposées à l'État actionnaire minoritaire dans les entreprises dont il avait 5, 10 ou 15 % du capital, où il se contentait de voir les balles passer sans pouvoir décider lui-même. En effet, ni la régulation ni sa présence au capital n'étaient suffisantes. Pour notre part, nous avons une vision très différente et, me semble-t-il, plus efficace de la place de l'État.
J'ajoute un élément important que l'on a peu cité ce soir : le développement de l'actionnariat salarié est un moyen puissant de stabilisation des entreprises, de nature à leur éviter d'être, demain, les proies d'investisseurs peu scrupuleux. Le projet de loi sur la croissance et la transformation des entreprises contiendra des dispositions particulières pour développer cette forme d'actionnariat en France.