Madame la secrétaire d'État, notre pays a une belle histoire industrielle, faite de grands succès, source de fierté et de progrès pour nos territoires. Cet héritage est aujourd'hui menacé. Notre industrie souffre.
Cette dégradation n'est toutefois pas inéluctable. Si la part de l'industrie dans l'économie nationale, et européenne, s'est réduite, cela ne signifie certainement pas qu'il faille abandonner toute ambition en la matière. L'économie mondiale ne tourne pas le dos à l'industrie ; les nouvelles technologies, notamment, ouvrent en la matière des perspectives de croissance.
Mais la compétition est, et sera, rude. Pour réussir, notre pays doit mobiliser tous ses atouts et tous ses avantages compétitifs. Parmi eux, comment ne pas citer notre mix électrique, particulièrement compétitif, propre et moderne ? Les orientations énergétiques prises sous le précédent quinquennat, et non remises en cause depuis juin dernier, menacent pourtant de contredire cette ambition industrielle.
Pouvez-vous, madame la secrétaire d'État, nous apporter aujourd'hui la garantie de la pleine compatibilité entre, d'une part, votre volonté de réduire la part du nucléaire dans notre mix électrique et, d'autre part, le maintien d'une qualité du courant et d'une capacité du réseau électrique indispensables au développement d'industries électro-intensives dans nos territoires ?
Les scénarios, établis par RTE, le Réseau de transport d'électricité, prévoyant une évolution à la baisse de la consommation d'électricité en France, avec des trajectoires de consommation intérieure annuelle d'électricité d'ici à 2035 comprises entre 410 et 480 térawattheures, soit, au mieux, le niveau de 2012, viennent confirmer ces craintes, craintes encore plus grandes dans certains territoires particulièrement sensibles à la présence et à la qualité de l'électricité, ainsi qu'aux décisions énergétiques – je pense notamment à Fessenheim ; si trois députés alsaciens sont présents dans l'hémicycle ce soir, ce n'est pas fortuit : il s'agit d'un territoire particulièrement intéressé par l'activité industrielle.
Les scénarios de RTE ne sont pas compatibles avec l'ambition d'un développement et d'une réindustrialisation du territoire national. Pouvez-vous, madame la secrétaire d'État, nous confirmer qu'ils ne correspondent pas à l'ambition du Gouvernement en matière de politique industrielle ?