Madame la secrétaire d'État, le 2 février dernier, Fincantieri signait le rachat de 50 % du capital de STX, les anciens Chantiers de l'Atlantique, pour 59,7 millions d'euros. Après la nationalisation partielle, l'État a accepté de prêter 1 % à l'armateur italien, lui garantissant le contrôle de l'entreprise.
Mais l'accord comporte une autre clause, le rapprochement de Fincantieri et de Naval Group, l'ancien DCNS. Pourtant ce rapprochement avait été empêché par deux fois durant le quinquennat précédent par le ministère de la défense, qui craignait qu'un partenariat déséquilibré conduisît à brader Naval Group.
Or, depuis septembre 2017, le rapprochement n'est apparemment plus un problème. Les gouvernements français et italien ont mis en place des groupes de travail à l'oeuvre depuis des mois. Mais, de ce processus, rien de substantiel ne filtre.
Le risque de voir la France se défaire, une fois encore, de capacités industrielles stratégiques revient comme un spectre. Le terme stratégique est particulièrement adapté puisque, sans Naval Group, pas de force de dissuasion, pas de sous-marin nucléaire d'attaque, pas de porte-avions, pas de sous-marin nucléaire lanceur d'engin, y compris pour permettre à Emmanuel Macron de faire sa com'.
La représentation nationale a beau s'inquiéter et demander des précisions, on lui oppose, de manière constante, une communication fondée sur le mythe des coopérations gagnant gagnant. Mais c'est oublier un peu vite que nous sommes échaudés et que l'histoire industrielle récente compte plus de fiascos que de success stories.
Quoi qu'il en soit, les travaux menés en toute discrétion ces derniers mois sont aujourd'hui caducs : depuis dimanche 4 mars, le gouvernement italien n'a plus la légitimité suffisante pour faire aboutir ce projet.
L'occasion vous est ainsi donnée d'agir, enfin, avec transparence, d'informer la représentation nationale de vos intentions et, le cas échéant, de l'associer à vos travaux. En bref, madame la secrétaire d'État, que comptez-vous faire de Naval Group ?