Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du mercredi 4 avril 2018 à 21h35
Questions sur la politique et l'emploi industriels

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Madame la secrétaire d'État, le terminal méthanier de Dunkerque est mis en vente. Il a fallu quatre ans de travaux pour le construire. En activité depuis janvier 2017 seulement, soit à peine plus d'un an, il a coûté 1,2 milliard d'euros. EDF en est actionnaire majoritaire avec 65 % du capital. Et, je le rappelle, l'État est actionnaire majoritaire d'EDF, avec 83 % du capital.

C'est donc encore une fois le patrimoine de la France qui passe aux mains du privé. Cette fois, c'est le Belge Fluxys qui ramasse la mise. EDF cède la totalité de ses actifs ; Total le suit en cédant 10 % du capital.

Pourtant le site de Dunkerque est manifestement stratégique. Il couvre 20 % des besoins en gaz naturel de la France et de la Belgique.

Or, s'il est bien évident qu'il faudra en finir avec l'exploitation des ressources fossiles, tout le monde sait que le gaz naturel est infiniment moins polluant que le pétrole.

Comment prétendre entamer la transition écologique dont la France et le monde ont besoin en renonçant aux infrastructures qui lui sont nécessaires ? Comment prétendre être maître de notre destin quand nous laissons les entreprises étrangères les accaparer ?

Mais ce terminal n'est pas seulement stratégique : il est rentable, puisque, en un an, il a généré un excédent brut d'exploitation de 140 millions d'euros.

Bien sûr, vous justifierez la vente en précisant que, sur le marché, ce genre de profit n'est vraiment pas attrayant. Mais alors, on peine à croire qu'on ait pu trouver si facilement un acquéreur. Fluxys serait-il naïf ? Serait-ce qu'en vendant nous faisons une bonne affaire ?

Il serait temps d'arrêter de nous servir les mêmes rengaines : non, l'État n'a pas vocation à faire des bénéfices, à gérer ses actifs comme un trader ou à spéculer sur le marché de l'énergie. Il n'a pas non plus vocation à investir des milliards pour finalement se faire détrousser par la première entreprise venue.

Quant à votre dernier argument selon lequel EDF doit être désendetté, la belle affaire ! Encore une fois, les libéraux font les dettes et en profitent pour justifier la grande braderie. Rappelons aussi que cet endettement, c'est la filière nucléaire, et non le gaz, qui l'explique.

Pour ceux qui ne pensent que par les chiffres, voilà encore une raison d'en sortir. Une fois toutes ces raisons examinées, madame la secrétaire d'État, comment pourrez-vous justifier que l'État, à travers EDF, renonce à une installation stratégique et pourvoyeuse d'emplois ?

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