Madame la secrétaire d'État, souvent, trop souvent, la réalité, la « rugueuse réalité » comme disait Rimbaud, vient démentir les plus rodés des discours, les éléments de langage les plus travaillés. Pas une prise de parole d'un ministre, sans une référence à la France rurale, à la France des villes moyennes dont il faudrait enfin se soucier. Élue de cette France-là, je finissais par croire, par me persuader que nos gouvernants avaient pris la mesure du sentiment d'abandon de cette France marginalisée, ringardisée. Quelle naïveté de ma part !
Permettez-moi de vous raconter ce qui arrive chez moi, à Béziers. Il y a quelques semaines, nous apprenons, par une indiscrétion de ses salariés, qu'EDF Énergies Nouvelles a tout bonnement décidé de quitter notre territoire pour aller s'installer à Montpellier. Ce déménagement représente une perte de 200 emplois. Deux cents emplois, ce n'est pas une paille, surtout lorsqu'ils viennent s'ajouter à la fermeture de je ne sais combien de services de l'État qui, eux aussi, préfèrent la grande ville de Montpellier !
EDF Énergies nouvelles n'a même pas pris la peine d'informer les élus locaux, de nous demander si nous avions des propositions à faire ou des terrains à offrir. M. Cahuzac, le PDG – pour quelques jours encore – de cette filiale à 100 % d'EDF, a mieux à faire que parler avec des provinciaux comme nous ; il ne veut même pas nous rencontrer.
Madame la secrétaire d'État, EDF est la propriété de l'État à 83,5 %, c'est-à-dire la propriété des Français. Nous méritons mieux que cette suffisance, que cette arrogance. Une entreprise publique n'est pas une entreprise comme les autres. Elle a des obligations. Le profit ne peut être son seul but, sa seule boussole.
Madame la secrétaire d'État, la France où je vis a besoin qu'on l'écoute, a besoin de considération. Que comptez-vous faire pour que M. Cahuzac – ou son successeur – daigne enfin nous prêter attention ?