Non, ce n'est pas ça. Le mensonge, pour nous, consiste à prétendre que le secret nous protège. Le terme choisi est peut-être un peu spectaculaire, mais la façon qu'ont les acteurs du nucléaire de présenter les choses constitue objectivement un mensonge.
Je ne crois pas à l'existence d'une conspiration entre ces acteurs dans le but de mentir à la population – ce serait d'ailleurs un acte militant que d'affirmer une telle chose, or nous ne sommes pas militants. En revanche, j'estime qu'il y a, dans le domaine du nucléaire, un vrai problème de structure. Cette industrie n'a plus les moyens d'assurer sa défense et M. Georges-Henri Mouton déclare lui-même que la situation financière d'EDF conduit l'IRSN à limiter ses exigences en matière de sécurité, à hauteur des moyens dont dispose actuellement l'électricien français. Selon lui, il en résulte que les choses ne progressent pas assez vite face à deux menaces particulières : les intrusions de commandos terroristes d'une part – une fragilité reconnue de longue date par M. Mouton et dont Greenpeace démontre régulièrement qu'elle persiste –, et la cybersécurité d'autre part.
Toujours selon le responsable des missions relevant de la défense à l'IRSN, les exploitants ne font pas spécialement preuve de mauvaise volonté : s'ils traînent un peu les pieds, c'est avant tout parce que les mesures qui leur sont demandées représentent un effort financier se situant un peu au-delà de ce qu'ils sont en mesure de supporter. Je le répète, il ne s'agit pas d'une conspiration, mais d'un vrai problème structurel.