Il faut bien comprendre qu'il existe deux sortes de piscines.
Accolée à chaque réacteur, la piscine de désactivation sert à accueillir un tiers du coeur du réacteur tous les quatre ans, afin qu'il refroidisse et qu'on puisse ensuite en faire autre chose. En principe, on n'y trouve que très peu de combustible – jusqu'à un coeur entier de réacteur, mais pas plus.
Au bout de quelques années, quand le combustible est assez refroidi, il peut être stocké dans un dry cask, ou château à sec, qui est une sorte de conteneur situé sur le site de la centrale. Bunkérisé, ce conteneur résiste très bien aux attentats et constitue donc une très bonne solution, aussi bien en termes de sécurité qu'en termes de coûts – c'est pourquoi cette solution est amenée à se développer dans les années à venir.
L'autre solution, qui est la plus utilisée en France, car elle résulte du choix fait par notre pays de retraiter les déchets à La Hague, implique de transporter les combustibles de toutes les centrales vers La Hague, puis de les stocker avant qu'ils ne soient retraités. Cela nous oblige à disposer d'un grand nombre de piscines, parfois de très grande taille. La Hague, équipée de piscines gigantesques, est ainsi devenue l'endroit concentrant le plus de radioactivité au monde – ce qui est la conséquence logique du choix industriel qui a été fait. La question qui se pose actuellement, avant de construire une nouvelle piscine bunkérisée dans le centre de la France, consiste à déterminer comment s'organiser pour vider au plus vite la piscine de La Hague, qui représente un danger inégalé en France : d'une part, elle n'est même pas pourvue d'un toit, d'autre part – cela, nous ne l'avons pas montré dans le film –, elle pourrait être atteinte par un tir de lance-roquettes effectué depuis la route voisine, qui aurait pour conséquence de la vider partiellement de son eau.