Le secret d'un industriel et celui de la représentation nationale ne sont pas au même niveau. Si vous aviez accès à tous les documents, si vous pouviez visiter les sites, si les personnes à qui vous posez des questions vous répondaient vraiment et si vous pouviez entendre les représentants des autorités nucléaires internationales – bref, si vous pouviez vous livrer au même travail que celui que nous avons effectué pendant deux ans, mais en obtenant, grâce à votre statut, toutes les réponses qui nous ont été refusées –, nous en serions les premiers ravis !
Nous concevons d'ailleurs la nécessité de garder certains points secrets pour la sécurité et, pour nous, le problème ne se situe pas à ce niveau. Le problème, c'est que le choix du nucléaire n'a pas été fait par les citoyens – il leur a été imposé par les politiques et les experts – et qu'ils ne sont pas en mesure de se prononcer sur l'acceptation des risques que comporte ce choix, ne disposant pas des informations nécessaires pour cela. Quand nous luttons pour l'information, nous luttons en fait pour la démocratie, pour le droit des citoyens à se déterminer en conscience sur le choix du nucléaire.
C'est seulement en disant aux Français qu'il y a telle ou telle probabilité qu'un attentat ou un accident se produise, et en leur décrivant précisément les conséquences qui en résulteraient, qu'on leur permet véritablement de prendre position. En d'autres termes, nous ne demandons pas que tout soit dit, mais tout de même suffisamment pour que chacun puisse se faire une idée et choisir en conscience.