Intervention de éric Guéret

Réunion du jeudi 22 mars 2018 à 14h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

éric Guéret, documentariste, coréalisateur du documentaire Sécurité nucléaire : le grand mensonge :

Il existe une forme de déni sur la transition énergétique, puisque nous sommes objectivement en train de sortir du nucléaire en France, mais on ne le dit pas, et on ne s'organise pas pour le faire. Combien de temps s'est écoulé depuis la fabrication du dernier réacteur ? Nous mettrons peut-être en marche l'EPR, mais ce qui est sûr, c'est que nous fabriquons beaucoup moins de réacteurs qu'il ne faudra en arrêter, à moins de prolonger leur durée de vie dans des proportions non acceptables.

Donc objectivement, aujourd'hui, nous sommes en train de sortir du nucléaire, nous allons devoir le faire. Mais la majorité précédente a voté la transition énergétique sans rien faire pour la mettre en oeuvre. Il semblerait que ce gouvernement soit en train de le faire, mais, lors du quinquennat précédent, on a annoncé la fermeture d'une centrale qui n'a finalement pas été fermée, et il n'y a pas eu de plan établi pour savoir comment les énergies alternatives allaient monter en puissance. Si nous mettons tellement de temps à organiser notre sortie du nucléaire, c'est parce que nous sommes prisonniers d'une idéologie qui refuse d'accepter que l'on ait besoin d'en sortir.

À propos des avions, la carte que nous montrons est secret-défense, mais nous l'avons trouvée. Nous l'avons montrée au vice-amiral Mouton, qui nous a dit qu'effectivement, c'était la carte ; nous avons interprété cela comme une forme de validation. Cette carte montre que quatre bases en France sont prévues pour réaliser des interceptions sur un avion qui sortirait de sa trajectoire, dans un délai de quinze minutes maximum.

Malheureusement, l'affaire du pilote de Germanwings montre que les avions arrivent trop tard. Dans ce cas, les chasseurs avaient été prévenus et ils ont décollé tout de suite, mais ils sont arrivés après le crash. Et l'avion s'est écrasé à sept minutes de Cadarache et à sept minutes de Cruas, dans un triangle entre plusieurs sites nucléaires. Donc, ce système de défense a ses limites, il faut espérer qu'il sera efficace en cas de réel problème, mais aujourd'hui, il n'est pas prouvé que le système des patrouilles opérationnelles mis en place en France soit efficace. Il n'a pas été efficace lors du crash de Germanwings et, selon le Livre blanc de la commission post-Fukushima, les avions arrivent en général après l'événement.

Quant aux missiles sol-air, il nous a été dit que l'armée en avait besoin et qu'on ne pouvait pas en mettre partout. Des batteries de missiles ont été mises en place après le 11 septembre, entre autres sous l'impulsion de M. Mycle Schneider, que vous allez auditionner. Il pourra vous raconter très bien cette histoire : les missiles ont été mis en place autour de La Hague après les attentats du 11 septembre. Il semblerait qu'un bras de fer entre Areva et le ministère de la défense s'en soit suivi autour d'un problème d'image, l'image du site de La Hague étant trop militarisée. Finalement, les missiles ont été déplacés dans l'arsenal de Cherbourg, et aujourd'hui ils ont été complètement retirés. Il n'y a donc plus de missiles sol-air autour des sites nucléaires français aujourd'hui. Ils pourraient être redéployés, mais on nous a dit que l'armée en avait besoin.

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