Intervention de éric Guéret

Réunion du jeudi 22 mars 2018 à 14h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

éric Guéret, documentariste, coréalisateur du documentaire Sécurité nucléaire : le grand mensonge :

Au sommet du palmarès, on trouve évidemment La Hague. Elle représente la plus importante concentration de radioactivité au monde, sa piscine de combustible n'a pas de toit, et n'a pas vraiment de murs. C'est un site énorme, et une intrusion à La Hague aurait des conséquences catastrophiques. De par la concentration et la structure même des bâtiments, construits à une époque où le risque terroriste n'était pas pris en considération, La Hague reste évidemment le principal point de fragilité en France.

Ensuite viennent tous les réacteurs dont les piscines de désactivation sont exposées à un tir de lance-roquettes depuis la voie publique. Il suffit de prendre un plan, de regarder où est le mur de la piscine sur Google, de calculer la distance entre la route et le mur de la piscine pour chaque centrale française, et vous dresserez la liste des centrales les plus vulnérables. Ce sont celles où n'importe quel djihadiste avec un RPG-7 à charge creuse – une des armes les plus vendues au marché noir, d'une précision supérieure à 95 % à 100 mètres – peut toucher directement le mur de la piscine depuis la route. Quand j'ai filmé le feu d'artifice que Greenpeace a fait à Cattenom, j'étais sur la route, de l'autre côté du grillage, en face de la piscine. Si j'avais été malveillant et si j'avais voulu atteindre la piscine, je n'avais même pas besoin d'accompagner les activistes de Greenpeace. La piscine est devant la route, à une distance accessible.

Toutes ces centrales accessibles depuis la voie publique représentent une grosse faille de sécurité. Il faudrait sécuriser l'ensemble des accès aux centrales, il n'est pas normal que toutes ces voies soient accessibles au public. Il faudrait aussi sécuriser tous les accès autour. Lors de l'action des militants de Greenpeace que j'ai filmée, il s'est passé huit minutes entre le moment où ils ont posé l'échelle sur la clôture de sécurité et celui où ils sont arrivés au pied de la piscine, avant que les forces de l'ordre n'interviennent. Les intrus sont détectés lorsqu'ils posent une échelle sur la clôture, mais s'il y a déjà une atteinte à la piscine, c'est trop tard. Personne ne doit pouvoir poser une échelle sur une clôture dans la structure des centrales actuelles. Il faudrait nettoyer l'ensemble des périmètres, ou prévoir des périmètres plus grands. Aujourd'hui, il est sûr que les piscines de combustible sont trop facilement accessibles par la route ou par des intrusions, elles devraient être sécurisées.

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